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Royal Scotsman, sur les traces d’Agatha Cristie

Tout commence par une petite réception informelle dans le lounge première classe de la gare d’Edimbourg. Les passagers du Royal Scotsman y font connaissance autour d’un buffet léger. A une demi-heure du départ le petit groupe, une vingtaine de personnes pour notre voyage, gagne le quai affecté à ce train pas comme les autres. Il y est accueilli par un joueur de cornemuse en tenue traditionnelle – kilt, spencer noir, ghillies, sporran (pochette de cuir portée à la ceinture) et bonnet spectaculaire, sans parler des moustaches à l’avenant – qui dirige la petite procession jusqu’à la voiture salon où Michael, chef de train, accueille personnellement chaque passager. Le temps de savourer un cocktail de bienvenue dans la voiture salon panoramique, et les cabines sont attribuées tandis que le train s’ébranle. Le charme y est inversement proportionnel à l’espace, inévitablement mesuré bien que les trois voitures n’en comptent qu’une vingtaine. Lambrisseries d’ébène, lits individuels, une large fenêtre ouvrant pour l’instant sur Edimbourg, un petit bureau, une salle de bains exigüe mais néanmoins pourvue d’une cabine de douche vitrée (et de produits et linge de toilette dignes des grands palaces internationaux) : le décor des quatre prochains jours ne ressemble à rien de ce que l’on envisage habituellement dans un hôtel de haut niveau.

une atmosphère délicieusement romanesque

Quartier libre pour trois heures, avant l’arrêt du soir : le temps pour chacun de prendre ses marques, se changer et s’accorder un premier moment de détente, dans sa cabine ou dans la voiture panoramique, en queue de train.

Chaque passager sait que dans ce voyage le moyen de transport importera autant que les paysages et curiosités visités : à la différence de n’importe quel autre voyage (à la notable exception des autres destinations offertes par la compagnie Orient-Express), ici le contenant est aussi riche que le contenu. On choisit de découvrir l’Ecosse par le Royal Scotsman plutôt que d’une façon plus classique pour s’immerger dans une atmosphère délicieusement romanesque et surannée.
Et s’agissant d’une expérience nouvelle pour la plupart des passagers, on aborde les premiers instants avec la curiosité exacerbée, conscient de rencontrer là une facette de l’art de voyager qui appartient aujourd’hui au passé.

Espace limité oblige : les bagages, confiés à l’équipe du train en arrivant au lounge de la gare d’Edimbourg, plus tôt dans la journée, sont dans votre cabine et y seront récupérés une fois vidés.

L’installation achevée, direction la voiture panoramique, en traversant Raven et Victory, les deux voitures restaurants. Centre névralgique du train, c’est là que passagers et équipe se retrouveront tous les soirs avant et après le dîner pour partager l’ambiance festive des soirées écossaises.

Dans la journée ses fenêtres largement dimensionnées permettent de profiter d’une vue imprenable sur les différents sites traversés confortablement installé dans un fauteuil ou un canapé de style edwardien, en savourant un thé ou un alcool. A moins de préférer le balcon arrière, où les amateurs de cigares se retrouvent en fin de soirée.

Pour l’heure nous quittons Edimbourg par le pont du Forth, deuxième plus long pont cantilever du monde, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, et entamons la traversée de l’ancien royaume de Fife. Une douzaine de passagers sont installés dans la voiture panoramique, par groupes de deux, trois ou quatre personnes. A l’arrière de la voiture les portes sont ouvertes sur le balcon, où deux femmes devisent assises dans deux petits fauteuils crapauds. Autour de nous déjà le paysage change, nous avons quitté la ville et filons vers le Nord. Nous entrons bientôt dans les Highlands. Magie sans cesse renouvelée que celle de ce paysage immuable, sauvage et romanesque. A perte de vue la lande, des cours d’eau, des troupeaux de chèvres, au loin des montagnes basses. Le train circule sur une voie unique qui participe de l’impression de bout du monde. Il s’arrête en début de soirée à Keith, et tandis que tout le monde, passagers et équipage, se retrouve petit à petit dans la voiture panoramique, nous découvrons le rythme de la vie à bord.

Après le dîner une animation typique est organisée chaque soir. Le premier soir ce sera un pianiste, le deuxième deux harpistes, le troisième un highlander venu conter les légendes écossaises, le quatrième, la veille du retour à Edimbourg, une soirée d’initiation aux danses traditionnelles écossaises, au son de la cornemuse.

Le programme du lendemain y est expliqué. Après le petit-déjeuner, les passagers auront chaque jour le choix entre quatre et six thèmes de visites : deux à trois par demi-journée. Les groupes partis, le train démarrera et gagnera son étape suivante, où les passagers le retrouveront pour le déjeuner ou le dîner. Il ne circule pas la nuit, garantissant à chacun une nuit de sommeil reposante.

Un voyage gastronomique

Mais avant cela vient l’heure du premier dîner. Et l’occasion de découvrir les talents de Iain Murray, le Chef qui officie à bord entouré de deux assistants. Formé dans divers établissements de prestige, il travaille essentiellement les produits écossais, langoustine, bœuf Aberdeen Angus et autres poissons variés, et livre une cuisine inventive et légère, mise en valeur par une cave remarquable. Les repas sont un bonheur, au niveau de ceux que l’on peut déguster dans n’importe quel établissement hôtelier de prestige.

C’est cependant à ce seul niveau que le Royal Scotsman prête flanc à la critique, en n’offrant qu’une véritable voiture restaurant pourvue de tables pour deux et quatre personnes, la seconde voiture réunissant les convives autour de deux grandes tables de six ou huit personnes. Si l’ambiance est toujours bonne autour de celles-ci, où les échanges entre passagers deviennent amicaux, la préférence générale va à la luxueuse intimité de l’autre voiture, qui ne peut accueillir que seize personnes et gagnerait à être doublée.

Smoking de rigueur

La tenue des passagers participe également de l’atmosphère du train. Bien que la réservation du voyage s’assortisse d’un engagement écrit de se doter de tenues formelles (explicitement : si possible un smoking, au minimum un costume strict, et robes de cocktail ou de soirée pour les dames) pour le soir, le peu d’inclination de la société moderne pour les tenues habillées permettait de craindre un certain laisser-aller à ce niveau – si souvent déploré par ailleurs dans les restaurants et hôtels chic des grandes capitales occidentales. Rien de cela ici, les couples rejoignent la voiture salon en tenues de soirée et les dîners sont des moments d’une élégance raffinée d’autant plus appréciable qu’elle est devenue rare.

La seconde journée de notre voyage Classic est l’occasion de visiter la distillerie de Glenmorangie l’une de la centaine que compte le pays, et d’y prendre un sérieux cours magistral sur la fabrication du whisky et les secrets de celui-ci. Intéressant.

L’après-midi est consacrée à la visite de Plockton, charmant petit port de pêche que nous découvrons après une demi-heure d’un trajet paradisiaque au bord d’une mer qui semble être une carte postale. D’ailleurs toute la visite de Plockton ressemble à une carte postale : sa rue principale à voie unique, ses maisons d’une propreté de modèle réduit, ses habitants souriants, les bateaux colorés, le ciel bleu sans un nuage et jusque la fameuse cabine téléphonique rouge plantée là comme dans un décor. Silence et douceur de vivre, comme dans une BD de la ligne claire de l’école belge. Le programme prévoit une visite aux phoques des îles voisines dans le bateau de Calum’s Seals Tour, rythmée par l’humour typiquement insulaire dudit Calum, qui parle quelques mots de Français mais se garde de le faire savoir, confie avoir accueilli Isabelle Huppert et adorer la France. Le tour d’une heure dans le Loch, avec vue sur château médiéval et propriétés côtières, est si idyllique que l’on se croirait dans un documentaire touristisque.

Au retour, Michael nous attend en grande tenue traditionnelle, kilt et gilet au tartan bleu de la compagnie, dinner jacket et ghillies noirs (la tenue de soirée selon les usages nationaux), avec un kir royal : une mise dans l’ambiance avant le dîner et la soirée animée par des musiciens écossais.
Grand moment pour les amateurs de cinéma au matin du troisième jour, avec la visite du château de Eilean Donan Castle, où fut tourné le film Highlander. La construction dans laquelle nous vîmes évoluer Christophe Lambert et Sean Connery est plus petite qu’elle n’apparaît à l’écran mais son site, au milieu d’un loch ce matin-là plat comme un miroir, est grandiose. On aimerait prolonger l’instant mais l’heure de l’ouverture au public approche et il nous faut quitter ce lieu historique – même s’il s’agit en l’occurrence d’histoire sur pellicule : après tout, une plaque commémorative rappelle qu’il s’agit là de la demeure du clan Mac Rae, et que le château a connu une histoire vraie, aussi mouvementée que celle racontée par Hollywood.

La suite de la matinée est tout aussi enthousiasmante, dans un autre genre, puisqu’elle nous fixe rendez-vous avec… Bambi ! Ou plus exactement une meute de ses congénères, approchée dans un élevage de biches. On se dit que voilà la partie du voyage que les enfants regretteront de n’avoir pas faite. Le guide qui nous accompagne sort un gros sac de grains du coffre, et nous voilà entourés de cervidés aussi peu farouches qu’un animal de compagnie. Les femmes fondent, les hommes filment. Pendant ce temps, deux autres groupes ont préféré une promenade dans la campagne écossaise (encore une carte postale, façon James Ivory cette fois) ou une leçon de ball-trap.

Un thé dégusté dans le château d’où sont organisées les excursions parachève la demi-journée de belle manière, retour au train pour le déjeuner. L’occasion de déguster un pudding au riz comme on n’en a jamais savouré : merci Chief Iain, je ne parlerai plus jamais du pudding d’un ton ironique, mais regrette désormais de ne pouvoir en acheter de semblables en France – pas très sympa de votre part !

La dernière après-midi permet de visiter le château de Glamis, où grandit la Reine Elisabeth, nous choisissons de rester à bord et profiter de l’atmosphère particulière du train. A notre grande surprise nous sommes seuls à effectuer ce choix, et aurons le train pour nous pour plusieurs heures.
Il fait beau ce jour-là dans la région de Dundee, température agréable et brise légère. Nous assistons au départ du groupe pour Glamis, puis armé d’un bon livre et d’un Cohiba Sublimes je gagne le balcon arrière. Avant de quitter le train pour quelques heures, Michael me rejoint et nous devisons sur son beau pays. Le barman étant parti se reposer, il prépare lui-même mon Mojito (j’ai eu l’occasion de noter, tout au long du voyage, que chaque membre du personnel est capable de servir à tous les postes, avec en toutes circonstances une parfaite courtoisie) mais, en bon Ecossais, déclinera mon invitation à en partager un avec moi. Resté seul dans le train silencieux, je déguste mon cocktail et mon cigare. Il fait bon, le temps est suspendu, le lieu et le moment font cliché.
On devrait toujours vivre comme cela. Mon livre est une bio d’Edgar Hoover : mauvaise pioche, j’aurais du emporter Mémoires d’Hadrien, seul empereur qui osa isoler l’Ecosse, au moyen du fameux mur éponyme.

Pendant deux heures je vais profiter de cette parenthèse temporelle, convoquer le souvenir de scènes du Crime de l’Orient-Express, et savourer un art de voyager que l’on croyait disparu. Au-delà des paysages de l’Ecosse du nord et des Highlands, des châteaux et des lochs, au-delà des kilts et des cornemuses, ce voyage-là est bien le plus dépaysant et le plus précieux.