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Marilyn selon Michel Schneider

Alain Ammar : En 2013, que reste-t-il de Marilyn Monroe ?
Michel Schneider : « Cinquante-et-un ans après sa mort, Marilyn est partout… le marchandising s’en est emparé comme de Che Guevara, ce sont les deux seules icônes contemporaines. Il reste aussi bien sûr ses films, des centaines de photos, sa voix inoubliable et cette impression incroyable qu’elle est encore parmi nous. Mais lorsque je me suis intéressé au personnage et qu’il m’a entrainé dans une enquête qui a duré longtemps, j’ai découvert son rapport étroit à la psychanalyse, et plutôt que d’écrire une énième biographie, j’ai opté finalement pour un roman (Marilyn, dernières séances). Comme tout le monde, je croyais connaître Marilyn et j’avais vaguement entendu parler de son dernier psychanalyste, Ralph Greenson : je savais qu’il était le pape de la technique psychanalytique, qu’il avait écrit Technique et pratique de la psychanalyse : LE traité qui est encore enseigné dans toutes les écoles de psychanalyse du monde. Je savais aussi qu’il avait fait, en tant qu’analyste de Marilyn, exactement le contraire de ce qu’il préconisait dans son livre… En enquêtant j’ai découvert l’histoire complètement folle de leur rencontre : pendant les deux années et demie qui ont précédé sa mort, entre janvier 1960 et août 1962, Marilyn était en cure avec Greenson dans des conditions hallucinantes.
J’ai alors décidé de raconter cette liaison dans un livre. Pour essayer de comprendre ce qui a pu se passer entre eux. Une histoire de fous, mais extraordinairement exemplaire de ce qui se passait alors à Hollywood. Marilyn c’était une diversité de personnages à l’intérieur d’elle-même : l’actrice, la chanteuse, la femme-enfant qu’elle incarnait…permettant à tous les publics de se projeter en elle et de se retrouver dans cette espèce d’icône qui correspond à l’idéal de la féminité qui aujourd’hui n’est plus représenté sur les écrans ni dans la vie.

Est-ce sa mort mystérieuse qui a fait d’elle un mythe ? 
Une mort qui reste encore inexpliquée. Le coroner a conclut « suicide probable »… Cela ne veut rien dire : le suicide est prouvé ou ne l’est pas ! Et encore aujourd’hui de multiples  théories s’affrontent. Je pense qu’on ne saura jamais la vérité sur sa mort et c’est vrai que cela fait partie du mythe. Cela dit, elle avait tellement de deuil en elle, de goût pour la disparition et l’autodestruction à travers sa toxicomanie, l’alcoolisme et son rapport au sexe (qui était assez compulsif et destructeur), qu’il n’est pas étonnant qu’elle ait été rattrapée par la mort. Elle était profondément touchante, attachante, intelligente, elle a écrit des poèmes de belle qualité, elle lisait beaucoup : Dostoïevski Joyce, Conrad, Fitzgerald… Elle a également rencontré Nabokov, fréquenté Carson McCullers et surtout Truman Capote, avec qui elle traînait à Manhattan.
Ce n’était pas du tout la starlette de Hollywood blonde et bêtasse qui faisait ce qu’on lui demandait de faire à l’écran. Elle cherchait un sens à sa vie, notamment à travers l’expérience de la cure psychanalytique où elle s’est engagée la moitié de son existence. Elle était border line, c’est-à-dire qu’elle avait des accès de dépersonnalisation où elle fichait tout en l’air… Et à d’autres moments elle avait besoin de renouer les liens. Mais elle n’était pas schizo sinon elle n’aurait pas pu accomplir une oeuvre dans la chanson et au cinéma. Le plus touchant c’est le mélange de fragilité et de dureté, d’innocence et de perversité, de blessures et de coups, qu’elle pouvait infliger. Le mythe s’est construit à l’envers de la réalité. Ce n’était pas la ravissante idiote que l’on a dit ! Ça, c’était un rôle. Elle s’est parfois servie de cette image pour se protéger, justement. Mais, fondamentalement, elle était à la recherche d’une vérité qu’elle savait devoir trouver de plus en plus dans les mots et de moins en moins dans les images. Marilyn n’était pas du tout cultivée mais était très intelligente. Elle était prise dans la projection que l’on avait fait d’elle : la blonde qui sourit. Mais derrière cette image, il y avait un formidable appétit de langage, de mots, de lectures. Sur les tournages, elle lisait Kafka ou Rilke… Marilyn rencontrait ce conflit entre mots et images à chaque fois qu’elle entrait sur un plateau de tournage.
Le symptôme qui l’a amenée à la psychanalyse est précisément celui-ci : elle n’arrivait pas à mettre en place devant une caméra l’image qu’elle donnait pourtant bien volontiers et les mots qu’on lui  faisait dire. Elle bafouillait, elle bégayait, alors que cela ne lui arrivait jamais dans la vie quotidienne. Ça lui est également arrivé lors de la célébrissime scène du Madison Square où elle chante «Happy Birthday» à John Kennedy : en arrivant sur scène, elle attrape le micro et le tapote, comme si elle prenait en main un phallus, comme si elle saisissait un objet au vol pour se raccrocher à quelque chose alors qu’elle est au milieu d’un énorme trou noir. Puis elle porte ses mains au-dessus de ses yeux pour voir l’assistance (un millier d’invités plongés dans le noir), comme si le fait de ne pas voir ceux devant qui elle devait chanter l’angoissait terriblement.
Pour moi, la mort de Marilyn est un «meurtre sans assassin», pour reprendre le titre du film dans lequel joue Truman Capote : Murder by Death. Marilyn est morte parce qu’il y avait trop de mort en elle, et depuis trop longtemps. Elle était habitée par ce que les psychanalystes appellent la pulsion de mort. Sa vie quotidienne ne pouvait donc aller que vers la détresse. Il est possible que ce soit ce qui l’a amenée à prendre des médicaments incompatibles, à se mettre entre les mains d’une garde-malade pas très nette non plus, à fréquenter des types qui traînaient dans les night-clubs tenus par des mafieux notoires de la bande de Frank Sinatra – qui était à la fois son amant et le patient de Greenson en même temps qu’elle, ce qui peut sembler dingue… Je multiplie les indices, mais tous vont dans des sens différents.

Marilyn passait pour une nymphomane… 
Surtout pour l’époque où l’Amérique était encore très puritaine et où les relations sexuelles adultères ou libérées étaient cachées ! Marilyn assumait parfaitement sa sexualité comme une femme d’aujourd’hui et couchait avec qui le lui demandait et même avec ceux qui ne le lui demandaient pas… Par exemple un chauffeur de taxi qui l’a raccompagnée chez elle… Marilyn avait une sexualité addictive.

On sait, par les témoignages et les récits publiés, qu’il lui arrivait souvent de mettre une perruque, de sortir dans la rue et de draguer un homme avec qui elle couchait aussitôt. Mais Marilyn n’était pas seulement la victime d’hommes qui abusaient d’elle ; la réalité est plus complexe. Je ne crois pas à une Marilyn pure corrompue par les sales hommes. J’ai recomposé dans mon livre cette scène à partir de ce qu’elle a dit et écrit sur le sexe. Notamment les fameuses bandes magnétiques qu’elle aurait enregistrées peu de jours avant sa mort à l’attention de son psy. Comme beaucoup de jeunes femmes qui ont été abusées dès l’enfance, elle a été affectée par ces blessures et elle croyait que le seul moyen d’être aimé était de coucher, d’avoir des relations sexuelles multiples, qui lui permettraient d’être reconnue. Mais ce fut un leurre total car comme elle le disait elle-même : « Les hommes se couchent avec Marilyn et se réveillent avec Norma Jean… » Et ils s’en allaient car elle donnait son corps mais rien du reste, aussi sûrement que si elle leur avait dit : « Vous pouvez prendre mon corps mais vous n’aurez jamais ce qu’il y a dans mon esprit et dans mon âme. » Son corps était une arme dont elle a abusé, et elle est restée prisonnière de son image sans jamais pouvoir se faire entendre »

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