C’est sûr : sa définition très casual et la plupart de ses représentations disqualifient d’emblée le denim du vestiaire des grands élégants. Pour être communément admise, la position est cependant réductrice. Et inexacte, car la variété de jeans et celle des hommes (et femmes) qui le portent, et la manière dont ils le portent, imposent une lecture plus approfondie. Grand connaisseur du genre, le blogueur Jared Acquaro pose sur le tissu des cow-boys un regard éclairé.

Denim : un tissu de coton sergé résistant, étymologiquement indigo, dont les origines remontent au Far West. Si la chose est inconcevable pour certains, il faut pourtant bien admettre que bien s’habiller avec des vêtements décontractés est beaucoup plus difficile que de porter un costume formel. Et reconnaitre aussi que lorsqu’ils sont combinés avec une tenue par ailleurs plus classique, ceux-ci créent des juxtapositions de style capables de faire tourner les têtes. On peut observer ces combinaisons dans toute l’Amérique mais aussi en Asie, où elles sont portées par l’amour de l’Ivy style.

Comment donc un uniforme d’ouvrier s’est-il inséré dans la mode ? Un flash-back s’impose pour expliquer le phénomène, jusque dans les années 1920 à 1940 durant lesquelles la côte Ouest américaine connait le boom des mines et des cow-boys. Durant cet entre-deux-guerres les habitants de la côte Est qui s’adonnent à cette ruée vers l’or adoptent la manière de vivre et les tenues vestimentaires des cow-boys et des fermiers, qui enfilent un blazer ou une veste par-dessus leurs vêtements de travail en jean pour aller à l’église ou se rendre à tout événement un peu formel. C’est à cette époque que Levis lance sa première veste de production, baptisée «506» type 1. Et mine de rien, cette mode des années ’30 et ’40 ouvre la voie à l’explosion du style qui surviendra après la seconde guerre mondiale, dans les années 1950, et que porteront des célébrités comme Steve McQueen, Marlon Brando, Gene Kelly, Cary Grant et Paul Newman. Tous intégreront une touche de denim à leur style propre, et révéleront au plus grand nombre que le denim peut être tout aussi élégant que le costume et la cravate. Au cours des années suivantes, les marques de denim classiques commenceront à incorporer dans leurs collections des articles plus personnalisés, faisant passer le denim du statut vulgaire de vêtement de travail à celui, beaucoup plus glamour, de produit de mode.

Il faut ensuite attendre les années 70 pour assister à une nouvelle poussée du denim, à l’instigation de Ralph Lauren qui va en redéfinir les règles. Connu pour porter le costume en toutes circonstances, celui-ci a à cette époque le sentiment de perdre son identité lorsqu’il doit porter le smoking, et conçoit alors de le porter de manière iconoclaste, avec des jeans et des bottes, parfois même avec une chemise western. Sa démarche ne vise pas à attirer les projecteurs mais à lui permettre d’être à l’aise avec son style. Pourtant ce faisant, il crée ce qui deviendra la signature de la marque Ralph Lauren.

Créée à l’automne 1993, RRL (prononcer « double RL ») évoquait la même nostalgie qui étreignait autrefois les habitants de la côte Est lorsqu’ils lisaient des histoires de western. Pour développer cette nouvelle enseigne, Ralph Lauren a prêté attention au style de vie, aux passe-temps et aux activités quotidiennes des gens. Avec cet instinct infaillible qui lui vaut le succès que l’on sait depuis une cinquantaine d’années. Résultat : en combinant une chemise et une cravate Purple Label avec un pull et un pantalon Polo, puis en terminant avec une veste et des chaussures RRL, il a créé une polyvalence entre ses marques. Ainsi revisitée la transition entre l’élégance et la robustesse est plus harmonieuse que jamais, et la seule question qui reste est de savoir comment vous allez la porter.

Ralph Lauren a été le premier à associer denim et haut de gamme. Sa ligne RRL exalte cette association. Ralph Lauren was the first to combine denim and high-end. His RRL line exalts this combination.

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Ralph’s Instincts

It’s true: its very casual definition and most of its representations disqualify denim from the wardrobe of the elegant. However, this is a simplistic position, even if it is commonly accepted. And inaccurate, because the variety of jeans and the variety of men (and women) who wear them, and the way they wear them, require a more in-depth reading. A great connoisseur of the genre, blogger Jared Acquaro takes an informed look at the cowboy fabric.

Denim: a hard-wearing cotton twill fabric, typically indigo with its origins stemming from the wild west. To some, this may be typically a no in the “rule book”, but dressing well with more casual items is a lot harder than putting on a formal suit. When combined into an outfit, they create one of the best head-turning juxtapositions in style. It can be seen across America and further Asia, stemming from their love of Americana and Ivy style. How did a worker uniform make it into public fashion? The west coast of America was going through the mining and cowboy boom through the 1920s to 1940s.

Born, the “Dude Ranch”. East-coasters would go to these ranches, dressing up and living like cowboys. The cowboys and farmers would wear a blazer or sack coats over their work-wear denim to dress more formal whilst attending church. Around the same time (the 1930s), Levis introduced their first production jacket called the “506” type 1. 
These small events throughout the 1930-40s paved the way to the style explosion in the 1950s. Famous actors Steve McQueen, Marlon Brando, Gene Kelly, Cary Grant and Paul Newman all put their spin on denim within their styles.
It showed many that denim could be just as stylish as wearing a suit and tie. Through the years to follow, classic denim brands started to incorporate more tailored items within their labels, bolstering the evidence that denim was no longer work-wear but a fashionable item. The 1970s showed another push for denim into the fashion world with style giants Ralph Lauren going against the “rules”. Ralph Lauren, recognised for wearing suits for every occasion, felt he had lost his identity when it came to tuxedos.Instead of the straight suit, he wore it with jeans and boots, sometimes with a western shirt and tie. It wasn’t to call for the spotlight but to just be himself and comfortable with his style. Later, this became the signature of the Ralph Lauren brand.

Established in the fall of 1993, RRL (pronounced Double ‘RL’) evoked the same nostalgic feeling that East coasters once had while reading Western stories. 
Ralph paid attention to people’s lifestyles, hobbies, and day-to-day activities. By combining a Purple label shirt and tie with a Polo jumper and trouser, then finishing with an RRL jacket and shoes, he built versatility through his labels.

The transition from elegance to ruggedness was more harmonious than ever before. The only question remains, How will you wear it?

“Ralph’s instincts about people are phenomenal” RRL Head Designer, Spencer Birch