xpornplease.com yespornplease porncuze.com porn800.me porn600.me tube300.me tube100.me watchfreepornsex.com

De l’A1 au B3

Déjà près de cent ans… Aussi actuel aujourd’hui que lors de son lancement, le blouson aviateur est un intemporel du vestiaire masculin, dont l’Histoire a fait une pièce culte. Vêtement protecteur avant de devenir l’accessoire de mode que l’on connaît aujourd’hui, il a toujours été et est encore proposé par de nombreuses maisons, dans des qualités très différentes. L’occasion de faire un point et revenir sur son histoire, non sans éclairer l’amateur sur les différences entre ses diverses appellations. Car s’il est un point à intégrer avant de lire cet article, c’est bien qu’il n’y a pas un blouson aviateur mais des blousons aviateur.

Paul Belmondo, ambassadeur de la maison, porte un blouson A2 Chapal.

Comme la plupart des manteaux masculins, la flight jacket – ou flying jacket, bref le blouson aviateur – est née sous le drapeau. Américain, pour ce qui la concerne. Les archives de l’US Army révèlent sa présence dès 1917, c’est-à-dire dès les tout débuts de l’aviation américaine, durant la première guerre mondiale. L’Etat-Major souhaite pour ses pilotes confrontés au froid, au vent et à la pluie, des blousons à col montant dotés de tailles et de poignets en tricotine. Entrés en service peu avant la fin du conflit, les premiers avions américains se feront surtout connaître après la guerre par les spectacles donnés à l’occasion des opérations de baptêmes de l’air itinérants organisées partout dans le pays. Leurs pilotes forcent l’admiration des foules avec des cascades spectaculaires au cours desquelles ils n’hésitent pas à marcher sur les ailes de leur avion ou quitter celui-ci en vol pour une voiture ou un bateau rapides, et sont bientôt baptisés barnstormers (littéralement : massacreurs de granges). Il faut dire que nombre d’entre eux se sont auto-proclamés pilotes et que n’importe qui peut alors acheter l’une de ces machines, produites en quantités industrielles (6800 exemplaires !), d’autant plus facilement que le principe de l’offre et de la demande les met sur le marché à des prix bradés (la rumeur veut que Charles Lindbergh ait payé 50 dollars le Curtiss JN4 sur lequel il apprendra à voler puis deviendra le plus célèbre des barnstormers).

Quelques spécialistes attribuent l’idée de la flight jacket à l’Américain Leslie Irvin, qui fut l’un de ces barnstormers et se distingua en effectuant en mai 1919 le premier vol en chute libre avec un parachute de son invention. Rendu célèbre par cet exploit, il aurait à sa suite imaginé un blouson plus adapté à l’exercice, notamment en fermant bien au cou et à la taille. Il monta immédiatement après la Irving Air Chute Company et se spécialisa dans la réalisation de cascades pour l’industrie naissante du cinéma.

Dans Fury le tankiste Brad Pitt porte un blouson improbable, qui emprunte à l’A1 ses poignets et col tricotés et l’absence de patte d’épaule, et au B3 sa peau retournée. Ensuite un A2, puis un G1 qui s’en distingue principalement par son col fourrure et enfin un G3 en mouton retourné. Les deux premiers ont vu le jour aux Etats-Unis, le troisième en Angleterre.

 

Du A1 au MA-1 en passant par le G3

De fait, ce n’est qu’en 1927 que l’armée de l’air américaine (qui ne s’appellera officiellement US Air Force que vingt ans plus tard) ajoute le blouson de cuir à la dotation de base de ses équipages. Reprenant à son compte le cahier des charges édicté en 1917, cette première version est baptisée A1 et constitue le premier vêtement spécifique aux pilotes américains.

Elle sera remplacée quatre ans plus tard par une première évolution, qui se distingue de son aînée par sa fermeture par zip (celle de l’A1 est à boutons), son col en cuir (et non plus en tricot), ses deux poches plaquées à rabat sur les devants (pour permettre aux pilotes de se réchauffer les mains), les bord-côtes élastiques qui équipent désormais sa taille et ses poignets (assurant une meilleure étanchéité, et par conséquent une meilleure protection contre le froid) et la présence de pattes d’épaules. Il prend l’appellation A2 et fixe les standards de la flight jacket pour de nombreuses années. A la différence de l’A1, l’A2 utilise indifféremment du cuir de vache, de cheval ou de chèvre, cette dernière étant rapidement préférée aux deux autres en raison de sa souplesse supérieure à résistance équivalente. Il donne naissance en 1930 à une déclinaison spécifique à l’aéronavale : le G1, qui n’en diffère que par son col de fourrure et l’absence de pattes d’épaules.

 

En Europe, seule la Grande Bretagne se préoccupe également du confort de ses jeunes pilotes, et adapte aux contraintes météorologiques du vieux continent les idées fortes de l’A1 : son blouson aviateur troque le cuir de vache pour un mouton retourné plus souple et surtout plus chaud, adopte un col plus largement dimensionné et deux pattes de serrage à la taille. D’aspect plus lourd et plus massif que l’A1, le modèle, baptisé Irvin, sera décliné huit ans plus tard par l’armée américaine pour les équipages de ses bombardiers (lesquels, n’étant pas pressurisés, soumettent les hommes à des températures polaires) sous l’appellation plus impersonnelle de B3.

 

Dans les années 30 et 40 le blouson aviateur évolue infiniment moins vite que l’aviation. Et si deux A1 de 1929 et 1939 sont très comparables, quelle évolution entre un Fokker 1915 et un Spitfire ou un Messerschmitt de 1940 ! Incomparablement plus puissants, plus rapides et mieux armés, les avions de chasse de la seconde guerre mondiale se caractérisent également tous par des cockpits fermés. Ces derniers sont tout aussi étroits et inconfortables que ceux des avions rudimentaires de la première guerre, mais leur système de pressurisation évite désormais au pilote de souffrir du froid. Plus besoin de protection thermique, ni contre le vent ou la pluie : la flight jacket est mûre pour une évolution radicale. Aussi, alors que les pilotes de la Luftwaffe adoptent à leur tour un blouson de cuir comparable à l’A2 américain (en 1942, le blouson allemand étant en cuir noir) et que la future US Air Force équipe de B3 les équipages de ses gros bombardiers B17 et B25 dès 1943, l’idée de remplacer le cuir par une matière moins encombrante commence à faire son chemin à l’état-major américain.

Ce sera d’abord le B10, en serge de coton verte, qui apparaît en 1943 et sera surtout utilisé durant la guerre de Corée, puis le B15 qui ajoute en 1945 aux caractéristiques de son aîné un mélange coton/nylon et une doublure d’alpaga et enfin le MA-1, généralement appelé Bomber, qui apparait dans les années 50 et utilise pour sa part un satin de nylon vert olive et une doublure orangée.

Comme les modèles en cuir, les blousons en coton et nylon sont fermés par un zip, pourvus de deux poches ventrales et d’un col de fourrure de mouton. Plus légers (un A2 pèse 2,2 kilos et demande un temps d’adaptation pour être porté sans y prendre garde) et moins encombrants que les modèles en cuir, les B10 et B15 permettent aux pilotes d’être plus à l’aise aux commandes de leurs Mustang, Lightning et autres Wildcat engagés sur le front Pacifique et en Europe (à la notoire exception des Tigres Volants du général Chennault, têtes brûlées qui maintiennent vivace l’association pilote de chasse/aventurier en pilotant leurs Curtiss P38 habillés de blousons de cuir ornementés de peintures de pin-up).

Dessins de pin-up et insignes règlementaires

Lesdits dessins (et surtout lesdites pin-up, qui constituent autant d’initiatives individuelles de la part des pilotes) complètent les insignes règlementaires des blousons (nom et grade sur la poitrine gauche, insigne de l’unité sur la manche droite) d’une touche personnelle : généralement une silhouette féminine, parfois des héros de comics (comme Woody Woodpecker, créé en 1940 et alors très à la mode) ou même des scènes de combats. Si l’état-major des armées n’aura pas le cœur (ou, plus prosaïquement, simplement le temps) de statuer sur cette appropriation de bien national durant la seconde guerre, il sera par la suite strictement interdit aux aviateurs de « tuner » ainsi leur blouson – démarche qui vaudra des années plus tard aux seuls A1, A2, G1 et B3 (modèles qui ont fait l’objet de ces personnalisations) d’être les plus recherchés par les collectionneurs. Officiellement, la raison de cette interdiction réside dans l’inflammabilité des peintures utilisées.

Il convient ici de souligner le cas particulier du B3, ou « Bombardier », dont on a vu qu’il se distingue des A1 et A2 par l’utilisation d’une peau de mouton retourné et confère immédiatement à celui qui le porte une allure de baroudeur. Bien qu’il soit né après l’A1, le B3 demeure dans l’imagerie populaire l’archétype du blouson d’aviateur, insensible aux éléments, chaud et increvable. Pour l’anecdote, indiquons que sa texture écaillée est due à la peinture vernie appliquée sur l’extérieur de la peau, laquelle plisse et craquèle en vieillissant. Il convient aussi de noter que les tout premiers modèles ne présentaient qu’une poche avant, qui a rapidement été dédoublée.

 

Retour en grâce avec top gun

Très à la mode dans l’après-guerre, à une époque où les pilotes sont devenus de véritables héros populaires, la flight jacket ne perdra jamais complètement les faveurs du public, même de la seconde partie des années 60 aux années 80, lorsque la mode se faira plus près du corps. Il est vrai que si le B3 et les bombers sont amples, A1, A2 et G1 sont plus fités.

En 1988, Top Gun est un formidable accélérateur pour les ventes de flying jackets.

C’est à l’une des plus grandes stars hollywoodiennes que l’on doit son grand retour en force en 1988 : c’est en effet un G1 que porte Tom Cruise tout au long du film culte Top Gun, qui draine des milliers d’amateurs dans les boutiques spécialisées. The flight jacket comes back !

Une notoriété universelle qui s’inscrit en France dans la perspective du travail effectué depuis 1979 par la jeune marque Chevignon, qui construit son image sur cette pièce mythique. En 2010 c’est Burberry qui, pour sa ligne Prorsum, invite le blouson d’aviateur. Mais celui-ci effectue son entrée sur les podiums, de manière encore assez timide, et il faudra attendre 2015/2016 pour le voir revenir en force sous les projecteurs des défilés de mode. Soixante ans après son heure de gloire militaire, la Flight Jacket est de nouveau sur les devants de la scène.

Quelles marques ?

On l’a vu : il y a bon temps que la pièce fait le bonheur des collectionneurs, avec une nette préférence pour les A1, A2, G1 et B3 enluminés de peintures personnalisées. Les amateurs avertis ont aussi appris à identifier le fabricant à différents détails.

Car au-delà de ses caractéristiques fondamentales, la seconde grande particularité de la flying jacket est d’avoir été, durant toute son histoire, fabriquée par différentes sociétés, qui lui ont toutes apporté une touche personnelle.

Ce sont d’abord, dans les années 30, les fournisseurs habituels de l’armée américaine : Aero Leather Clothing & C°, David D. Doniger (qui deviendra MacGregor), Monarch & C°, Rough Wear Clothing & C°… Une variété de fabricants répondant au cahier des charges de l’armée, qui vaut aux collectionneurs de disposer d’une large diversité de types et couleurs de cuirs et de doublures datant de cette époque.

Lors de la déferlante Top Gun en 1988, c’est à Neil Cooper que l’USAF décide de confier la fabrication des rééditions de l’A1. Spécialisée depuis 1917 dans la fabrication de vêtements de cuir, l’entreprise familiale calcule néanmoins qu’à raison de trois peaux et demie par blouson, le cheptel de chèvres américain n’est pas suffisant pour fabriquer les 53.000 pièces qui lui sont commandées, et importera ses peaux du Nigéria, du Pakistan et de Tasmanie. C’est à la même société, devenue US Wings of Ohio, que la Défense américaine demandera en 1996 de moderniser l’A2 afin de le rendre plus fonctionnel, l’A2 revisited se distinguant de la V.O. par les entrées latérales de ses poches plaquées, ses poches intérieures et l’adjonction d’empiècements supplémentaires sous les bras, pour faciliter le mouvement.

C’est à Hollywood qu’il doit son retour en force :

c’est un G1 que porte Tom Cruise dans Top Gun en 1988

Autre grand bénéficiaire de ce retour d’engouement : Avirex. Fondée en 1975 par l’avocat américain Jeff Clyman, passionné par l’histoire de l’aviation, la marque profitera de la passion du public pour des films comme Top Gun, Pearl Harbour et Memphis Belle et proposera des répliques des blousons des pilotes américains pendant la seconde guerre mondiale et la guerre de Corée. Après avoir collaboré avec le département américain de la Défense pour rééditer un blouson A2 pour commémorer le cinquantième anniversaire de celui-ci, Jeff Clyman a vendu la marque Avirex en 2006, et fondé une nouvelle société baptisée Cockpit USA, spécialisée dans les répliques des blousons de pilotes : A1, A2, G1, B3, et aussi modèles renseignés : A2 du porte-avions Forrestal ou des Tigres Volants, trench long d’Amelia Earhart…

A2 pour tous les aviateurs de Pearl Harbour.

Si la France de la fin des eighties n’échappe pas à la fièvre Top Gun, une marque y a anticipé le mouvement et a offert une renaissance spectaculaire au blouson d’aviateur dès le début de la décennie, il s’agit de Chevignon. Elle lui doit même son succès, son créateur Guy Azoulay ayant bâti la réussite de la maison sur sa résurrection. Pour ce faire le businessman n’a pas hésité à revisiter le mythe au lieu de s’acharner à en proposer une reproduction académique. Et le résultat est là : en quelques années Chevignon devient un nom qui compte jusque sur la scène internationale. La marque française connaît la consécration à la fin de la décennie en ouvrant boutique en plein cœur de la Mecque du shopping : sur la 5ème avenue de New York.

Avec Chevignon, Azoulay surfe sur le courant de l’aventurier urbain porté à l’écran par la saga des Indiana Jones et fait fortune. Créée en 1979, dès son lancement la maison revisite l’A1 et le B3, que les adolescents et les étudiants ne vont pas tarder à s’arracher : dès 1982 le premier volet de la saga hollywoodienne est un formidable vecteur promotionnel pour ses blousons en cuir vieilli, et même si leurs tarifs peuvent paraître un peu élevés, leur robustesse et leur longévité présupposées décident l’acheteur. En quelques années, « le Chevignon » est devenu le produit culte d’une génération et personnalise la street culture qui marque l’époque. De façon d’autant plus profonde que la marque a créé une nouvelle fois l’événement en 1984 en créant la Tog’s, première doudoune 100% plumes sans équivalent sur le marché, qui devint rapidement un nouveau must-have. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour le Chevignon des années 80.

B3 pour Robert Wagner et Steve McQueen dans The War Lover (1962).

Le vent va cependant tourner lorsque la maison, portée par l’euphorie d’un succès vertigineux, s’engage dans une diversification hasardeuse : les vêtements pour enfants, les parfums ou les montres, passe encore ; les cigarettes c’est un autre métier. En 1991 ces dernières égratignent sérieusement l’image de la marque, qui doit reconquérir une partie de sa clientèle des premières années. D’autant plus que celle-ci a vieilli et a désormais charge de famille, ce qui nécessite aussi une adaptation du produit. Une reconquête qui se fera en soignant le style et les produits, ratifiée en 2011 par l’entrée de la griffe chez Colette à Paris. Dans le même temps, le Chevignon des années 2000 doit aussi veiller à s’accaparer la clientèle des 16/25 ans sur laquelle celui des années ‘80 a construit sa légende.

Pour devenir la marque des flying jackets de luxe, Chapal n’a pas eu à choisir un positionnement mais seulement à rester fidèle à son histoire.

Une autre marque tire son épingle du jeu et s’impose comme l’une des références incontournables que se doit de visiter celui qui envisage l’achat d’un flying jacket, il s’agit de Schott. Créée à New York en 1913 par les deux frères du même nom, la marque a à son actif d’avoir créé le fameux Perfecto en 1928. Son savoir-faire dans le cuir lui vaut aussi une excellente réputation dans la fabrication des blousons d’aviateur, et les A1, A2 et B3 font depuis toujours partie de son fonds de commerce.

Autre marque incontournable lors de l’achat d’un vêtement de cuir : MacDouglas.

Contrairement à ce que son nom porte à penser, il ne s’agit pas d’une marque anglo-saxonne mais bien française, qui voit le jour à Toulouse en 1947. Elle est créée autour d’un produit unique, qui va devenir culte : la reproduction du blouson A2, que la nouvelle marque souhaite plus confortable et mieux fini que les versions originelles : l’art de vivre français, encore et toujours… Une idée en or dans cet immédiat après-guerre qui glorifie les tenues des pilotes de chasse américains. Le succès du modèle ne se démentira pas, et autour de ce best-seller, MacDouglas va construire tout un univers de marque. La diversification commence au début des années 60 avec un élargissement de l’offre à toute une collection élaborée autour du cuir. Au tournant des années 70 la maison affiche ses premières lettres de noblesse en ouvrant boutique rue du Faubourg St. Honoré (même si c’est dans la première partie de la fameuse rue, à quelques centaines de mètres de la Mecque du luxe international), et commence à communiquer sur ses clients les plus visibles, comme Steve McQueen et Brigitte Bardot – une révolution à une époque où la publicité s’annonce derrière la réclame.

La marque effectue un autre pas en avant, tout aussi visionnaire, une dizaine d’années plus tard, lorsque MacDouglas inaugure ses collaborations avec des stylistes renommés, comme Jean-Paul Gaultier et Azzedine Alaïa. Troisième évolution déterminante encore dix ans plus tard (un cycle, chez MacDouglas), avec le lancement d’une ligne de bagagerie et maroquinerie en cuir de buffle, qui va connaître un accueil inespéré et prendre le pas sur les lignes de vêtements, dépassant désormais la barre des 15 millions d’euros de chiffre d’affaires – une idée brillante, le buffle…

La maison française Chapal n’a pas eu à choisir un positionnement exclusif, mais seulement à rester fidèle à son histoire, pour devenir la marque des flying jackets de luxe. Le même produit que les autres, fondamentalement tout aussi roots, mais plus typé Paris, plus luxueux. L’histoire de la maison est bien antérieure à la création du blouson aviateur, et même à l’aviation elle-même, puisqu’elle remonte à 1832, avec l’ouverture d’une tannerie de peaux de lapin à Crocq, en Auvergne. Vingt ans plus tard, la société s’agrandit en ouvrant des ateliers à Montreuil-sous-Bois (où elle a toujours son siège aujourd’hui), avant de s’ouvrir à l’international en 1881 (une audace rarissime à l’époque) en créant à New York une filiale qui gère concomitamment les activités de tannerie et de fabrication de vêtements et de chapeaux. Lorsqu’éclate la première guerre mondiale, Chapal est parmi les premiers à fabriquer des vestes pour les premiers aviateurs tricolores, et reprend à son compte dès 1925 le blouson A1 découvert sur les épaules de Lindbergh lors de sa traversée de l’Atlantique. Cet emprunt de la vieille Europe à l’Amérique est contrebalancé quelques années plus tard par le développement, par la tannerie Chapal de Brooklyn, du premier procédé de plastification permettant d’imperméabiliser les blousons en peau de mouton retournée, qui donnera naissance au B3.

Dans les années 60 et alors que Chapal ne compte pas moins de 3000 employés, Pierre Bardinon, représentant de la cinquième génération, diversifie le groupe familial vers une voie royale : celle de l’automobile de compétition, puis de collection. En créant le Circuit du Mas du Clos à proximité de la tannerie de Crocq, il lance ce qui va devenir l’une des plus belles aventures de l’automobile de collection française du XXème siècle. Une étape déterminante dans l’histoire de la maison intervient en 1972, lorsque la maison de couture Christian Dior choisit Chapal pour fabriquer son prêt-à-porter de cuir et ses fourrures : le positionnement haut de gamme voulu dès les premiers jours donne pleinement ses fruits.

Mais c’est à Jean-François Bardinon, membre de la sixième génération, que Chapal doit le virage qui va dessiner sa nouvelle identité : baigné dans les voitures de collection en général et l’univers Ferrari en particulier depuis son plus jeune âge, après avoir radicalement orienté la marque vers le prêt-à-porter de luxe il implique celle-ci dans les plus célèbres manifestations liées à l’automobile de collection : 24 Heures du Mans historiques (qui deviendront Le Mans Classic), 1000 Miles… Chapal a définitivement opéré la transition entre l’aviation et l’automobile, et aborde la seconde avec le même esprit gentleman qu’elle a investi l’aviation : aujourd’hui comme hier, les vêtements Chapal sont à la fois chic et choc : des produits de luxe destinés à un usage aventurier.

Il ne faut du reste pas longtemps pour que l’automobile consacre la pertinence de ses choix : en 2004 c’est encore à Chapal que Jaguar s’adresse pour habiller de cuir orange l’habitacle de son fleuron le coupé XKR.

Huit ans plus tard la marque se cherche une égérie, et plutôt que d’engager un énième acteur ou top-model, choisit Paul Belmondo, qui personnalise parfaitement sa personnalité. Fils de sa star de père, Paul s’est construit une carrière à force de passion et de volonté, dans le sport automobile d’abord et dans le théâtre ensuite ; belle gueule et carrure d’athlète, père de famille responsable, sa simplicité et sa force tranquille ont séduit Jean-François Bardinon. Sur le Mondial de l’Automobile 2012, Paul devient le premier ambassadeur Chapal, une collaboration qui va perdurer et donner naissance, quatre ans plus tard à l’occasion du lancement du film Belmondo par Belmondo que Paul consacre à la carrière de son père, au blouson Belmondo.

Si ce sont les plus chers, les blousons Chapal sont aussi les plus qualitatifs, et présentent la particularité unique d’être faits maison de A à Z, depuis le tannage de la peau jusqu’au produit fini. Cette maîtrise de l’intégralité de la chaîne de production est dans l’ADN de la marque, et correspond parfaitement à l’esprit de son directeur qui, se définissant lui-même comme créatif plutôt que visionnaire, veut pouvoir compter sur le savoir-faire de l’équipe d’artisans qui constitue 90% du personnel Chapal. Ce refus de faire appel à des sous-traitants a certes amené la maison à intégrer des techniques de fabrication spécifiques – notamment lorsqu’elle s’est mise à produire des chaussures ou des casques – mais elle est aussi le meilleur garant de l’impression d’authenticité que dégagent tous les produits Chapal. Un cercle vertueux qui fait honneur à cet artisanat français que nous défendons dans ces pages depuis 17 ans.

Authenticité également chez l’Italien Aeronautica Militare, seule maison transalpine en mesure d’affronter les productions haut de gamme anglo-saxonnes et françaises. Si elle n’assure pas la fabrication de ses blousons de la tannerie jusqu’au produit final comme Chapal, la maison vénétienne jouit en revanche d’un autre genre d’authenticité, tout aussi indiscutable : elle résulte de l’association du tailleur Cristiano Sperotto avec l’Armée de l’air italienne, signée en 2004. Par cet accord, la maison Cristiano di Thiene a acquis du jour au lendemain une légitimité inespérée, la collaboration des spécialistes de l’Armée de l’air lui permettant de convoquer le souvenir des héros du passé, aériens et terrestres, notamment à travers la reproduction précise des insignes, badges et autres logos originaux, qui doivent tous recevoir l’imprimatur de l’état-major de l’Armée de l’air italienne pour être validés et entrer en production.

Plus qu’une autre, Aeronautica Militare bénéficie donc d’un avantage irremplaçable dans l’une des dimensions du commerce haut de gamme moderne : raconter son histoire ; raconter une histoire. Un exercice auquel les plus grands groupes de luxe du monde nous ont habitués depuis des années, qui vise à permettre à l’acheteur de s’approprier une partie d’un passé et ses valeurs : d’entrer dans une histoire. Ce faisant, les experts en communication des marques concernées ont progressivement eu à remplacer leur qualité de vendeurs de produits par celle de conteurs d’histoires, assortie de la capacité à entraîner les clients dans ces histoires, et ce faisant de pimenter leur quotidien en y suggérant une pincée d’héroïsme.

Scindée en trois lignes, la collection Aeronautica Militare couvre aujourd’hui très largement le marché du vêtement masculin, les vestes d’aviateur en cuir étant proposées en versions traditionnelles ou en interprétations modernes intégrant des tissus techniques et innovants, avec lesquelles la maison conjugue style contemporain et héritage.