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Berluti globe-trotter

Si sa lettre de noblesse la plus prestigieuse est indiscutablement d’avoir été choisie par la reine Elizabeth II pour sa lune de miel, la maison peut aussi s’enorgueillir de la fidélité de Winston Churchill (qui collectionnait ses bagages et dont la confidence faite au directeur de l’hôtel Plaza de New York « J’ai des goûts simples : je me contente du meilleur » prend ici toute sa valeur), du très britannique Eddie Redmayne ou du top model Kate Moss : aujourd’hui comme hier des ambassadeurs très comme il faut, bien éloignés de la vulgarité ostentatoire des rappeurs et des joueurs de football. Il est vrai que la maison indique « célébrer le voyage comme art de vie depuis 1897 » et que ses produits sont doublement caractérisés par une personnalité intemporelle et une qualité de fabrication qui en fait l’un des musts de la spécialité.

Dans l’esprit du Grand Tour

Fondée en 1897, Globe-Trotter convoque les images du Grand Tour, rite oublié enjoignant aux jeunes aristocrates britanniques du XIXème siècle d’effectuer un tour d’Europe propice à découvrir le vaste monde et parfaire leurs humanités (1). A cette époque largement antérieure au tourisme de masse, aux avions bondés et aux normes de sécurité longues et contraignantes, les voyages au long cours vers des destinations inconnues supposaient de disposer de beaucoup de temps et d’argent, mais aussi d’avoir l’esprit d’aventure. Orient, Extrême-Orient, Afrique ou Scandinavie : on les effectuait à bord de l’Orient-Express ou d’un steamer mais aussi, au terme du voyage, en voiture hippomobile, à cheval ou à dos d’âne ou de chameau ; et le voyage en lui-même importait autant que la destination. Pas question à l’époque de hordes dépenaillées dans les wagons et les cabines : les voyageurs étaient toujours élégants, et d’une compagnie policée comparable à celle que l’on côtoyait dans les palaces. Parce que le voyage était alors une aventure, et que ceux qui la vivaient n’auraient pas pu ne serait-ce qu’imaginer la vivre autrement qu’avec élégance, leurs bagages faisaient partie du tableau et provenaient de chez les meilleurs malletiers ; ce qui fait des pièces que produisent aujourd’hui ceux parmi ces derniers qui ont traversé le XXème siècle une sorte de passeport pour une époque révolue. En voyant se développer le voyage d’agrément né au siècle précédent (lire encadré Le voyage à travers les siècles), le XIXème siècle marqua aussi l’avènement du bagage moderne, et vit les métiers séculaires de layetier et d’emballeur se fondre en la spécialité nouvelle et unique de malletier, qu’en démocratisant le voyage le XXème siècle transformerait plus tard en bagagerie.

Une édition limitée Mourir peut attendre marquera à la rentrée la troisième collaboration de Globe-Trotter avec James Bond, après Skyfall et Spectre. Elle proposera deux formats de trolley (cabine et soute) en panneau de fibre vulcanisé vert océan.

Une brève histoire du bagage

Pendant des siècles le seul bagage fut la malle, qui doit son nom au mot allemand malha et était au Moyen Age considérée comme un meuble. On en distingue de deux types : la huche, au couvercle plat, qui sert indifféremment de table, de chaise, de rangement et d’objet de transport ; et le bahut, au couvercle bombé.  

Fabriqué par les malletiers, corporation établie au XVème siècle par Charles IX,
il n’évoluera pas avant le XVIème siècle, époque à laquelle apparaissent les métiers d’emballeur et de layetier, dont les premiers statuts remontent respectivement à François 1er (1521) et Henri III (1582). L’emballeur a pour fonction de créer des caisses permettant le transport des objets dans les malles. Les voyages se font à l’époque en diligence, moyen de locomotion spartiate qui nécessite de bien protéger tous les effets transportés (vêtements, linge de maison, vaisselle et objets personnels), mission confiée aux emballeurs. Ceux-ci prennent les mesures des objets et créent des caisses de bois de dimensions idoines, dans lesquelles ces derniers sont enrobés dans un assemblage de toiles grasses et sèches qui les préserveront des chocs et de l’humidité.

Apparu une soixantaine d’années après celui d’emballeur, le métier de layetier tire son nom de la laie, coffret dans lequel étaient conservés les bijoux et les documents de valeur. Plus raffiné que la malle et nécessitant la maîtrise des savoir-faire de menuisier, de ferronnier et de sellier, le layetier a pour fonction de créer ces coffrets. Plus tard il donnera naissance aux layettes, meubles aux tiroirs multiples destinés au rangement dans le commerce de détail, qui donneront eux-mêmes leur nom, par extension, aux vêtements de bébés qui y étaient rangés. Au XIXème siècle les deux métiers seront associés pour former celui de layetier-emballeur, qui a lui-même aujourd’hui quasiment disparu (il n’est plus pratiqué que pour le transport des œuvres d’art) après avoir donné naissance à celui de malletier, dont on trouve la première mention en 1751 dans l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot et d’Alembert, ouvrage majeur du XVIIIème siècle et symbole des Lumières.

Aux XVIIIème et XIXème siècles, l’engouement de la haute société pour les voyages fait le lit du métier de malletier qui, issu du layetier, a pour fonction la fabrication des malles de voyage ; et plus près de nous les deux plus prestigieux fabricants de bagages du monde sont aujourd’hui les héritiers des grands malletiers du XIXème.

Tous deux se sont installés en tant que layetiers-emballeurs et ont construit leur réputation sur le rayonnement de leurs plus prestigieux clients : Louis Vuitton fournissait les bagages de l’impératrice Eugénie et François Goyard ceux de son altesse royale Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, duchesse de Berry (2).

C’est à Louis Vuitton que l’on doit l’évolution la plus significative de la spécialité, puisque le développement des voyages maritimes et ferroviaires lui inspire la malle plate qui, en autorisant l’empilement de pièces de tailles différentes, révolutionne le métier. Au-delà du volume, Vuitton repense également la fonctionnalité de l’objet en le dotant d’un aménagement intérieur qui donnera naissance aux malles commodes et aux malles armoires, à l’intérieur desquelles penderies et tiroirs divers permettent de ranger facilement les vêtements et d’éviter qu’ils se froissent.

Les évolutions suivantes seront liées aux moyens de transport, l’automobile suggérant d’abord à Moynat la « malle limousine », dont le fond incurvé est conçu pour s’adapter au volume des toits des voitures (1904) avant que l’avion impose la fabrication de bagages plus légers et plus solides. Plus avant dans le XXème siècle, la démocratisation du transport aérien imposera d’autres normes, les bagages voyageant dans des soutes non pressurisées nécessitant une résistance supérieure à celle du bois, du cuir et de la toile qui amènera à l’emploi de l’aluminium et des matériaux de synthèse.

Fabriqués dans le Herdfordshire, au nord de Londres, les bagages Globe-Trotter sont aujourd’hui comme hier réalisés à la main par une équipe d’artisans très spécialisés.

La crème de la crème

Face aux fleurons de la bagagerie internationale que sont Vuitton, Goyard et Moynat, l’Angleterre qui vit naître le Grand Tour et, à sa suite, l’art du voyage, n’aligne qu’une maison d’excellence – mais quelle maison d’excellence ! Fondée en 1897 en Allemagne par un homme d’affaires britannique, Globe-Trotter s’est installée en Angleterre en 1930 et s’y est rapidement imposée comme le meilleur fabricant de bagages national, puis comme un ambassadeur de l’excellence artisanale britannique, qualités ratifiées par la clientèle de SM la reine Elizabeth II et la fidélité de Winston Churchill – quasiment des Royal warrants officieux !

Si c’est à la toute fin du XIXème siècle que David Nelken fonde Globe-Trotter, ce n’est qu’une dizaine d’années plus tard que la marque connait le succès, après que son fondateur ait déposé un brevet permettant l’utilisation de panneaux de fibres vulcanisés, selon une technique exclusive permettant l’agglomération par la chaleur d’un mille-feuilles de bois et de papier. Les ventes explosent en 1912 après ce que l’on aurait appelé hier un formidable coup de pub, et aujourd’hui un buzz magistral : en faisant monter, au zoo de Hambourg, un éléphant d’une tonne sur une valise de la marque. Difficile d’imaginer démonstration plus spectaculaire de la rigidité des bagages maison. Lorsque l’année suivante Nelken utilise la photo de l’exploit dans le catalogue Globe-Trotter, la légende de la marque est en route. Plus qu’il n’en faut pour orienter le choix de Robert Falcon Scott, qui s’équipe en bagages de la marque pour son expédition au pôle Sud, en 1910. Sa disparition, avec ses coéquipiers, d’épuisement et de froid sur le chemin du retour (1300 km à pied sur les glaces de l’Antarctique !), va faire de l’officier de la Royal Navy l’un des héros britanniques du début du siècle. Vingt ans plus tard Nelken rapatrie sa société dans son pays : la « valise la plus célèbre du monde » (slogan de la marque à partir de 1930, rédigé afin de distinguer les produits Globe-Trotter de leurs nombreuses copies) sera désormais fabriquée en Angleterre. C’est là que la découvrent la princesse Elizabeth et le Chancelier de l’échiquier Winston Churchill. La maison va traverser le siècle sans jamais se défaire ni de sa remarquable solidité ni du soin méticuleux qui caractérise ses produits. Dès son installation au Royaume-Uni la marque séduit la haute société londonienne, qui lui permettra par capillarité d’investir les provinces, où les privilégiés de la capitale ont leurs résidences secondaires.

Illustration représentant des layettiers au travail, dans l’Encyclopédie de Diderot. Page de droite : l’une des plus anciennes machines de la manufacture, qui date de l’époque victorienne (fin du XIXème siècle).

Globe-Trotter prendra le tournant de son époque en lançant ses premiers trolleys en 1988, puis fera de nouveau parler d’elle en 2007 en lançant la valise la plus légère du monde, la 110, conçue pour commémorer son 110ème anniversaire, puis une série d’éditions limitées destinées autant aux inconditionnels qu’aux collectionneurs. On se souviendra notamment de l’édition British Services Antarctic Expedition de 2012, commémorant le centième anniversaire de l’expédition fatale de Robert Scott ; de la 120ème anniversaire, en fibre de carbone (2017) ; et des éditions collector 007. Les plus observateurs auront en effet remarqué que le plus célèbre agent secret du monde utilise des bagages Globe-Trotter depuis Skyfall, et après une édition Spectre c’est cette année Mourir peut attendre qui va donner lieu à une ligne exclusive composée d’un trolley en panneau de fibre vulcanisé vert océan, disponible en formats bagage cabine et valise soute. Le modèle se distingue en adoptant pour la première fois dans l’histoire de la marque une configuration à quatre roues, qui assure une meilleure stabilité, une utilisation multidirectionnelle, et accessoirement une plus grande longévité que les modèles à deux roues, unidirectionnels. L’édition est limitée à 700 exemplaires.

Toujours réalisée à la main, sur des machines qui remontent à l’époque victorienne, par des artisans qui pérennisent leur art séculaire, la fabrication est effectuée dans le Herdfordshire, à une trentaine de miles au Nord de Londres.

La boutique principale dans le quartier très chic de Mayfair et l’important corner chez Harrods soulignent sans ambiguïté le positionnement très haut de gamme de Globe-Trotter, marque plus que centenaire qui bénéficie aujourd’hui, par les hasards des cycles de la mode, du courant vintage qui porte le style néo-rétro. A cette différence près par rapport aux autres marques qui se sont engouffrées dans la brèche que, à l’instar de Morgan en automobile, Globe-Trotter n’a pas à revisiter un style : il lui suffit de rester fidèle à celui qui a toujours été le sien, et qui reste inchangé depuis un siècle.

Le choix de Berluti

En choisissant Globe-Trotter pour fabriquer la première ligne de bagages habillée de sa toile Signature, Berluti crée l’événement. Kris van Assche, directeur artistique de la maison, a en effet eu un coup de cœur pour l’institution britannique et explique : « Berluti et Globe-Trotter partagent un même héritage et une même philosophie privilégiant la qualité et un savoir-faire quasiment inchangé au cours de leur histoire. Une démarche artisanale qui s’inscrit totalement dans la modernité. » Il est vrai que, de l’expertise des gestes séculaires à la fabrication d’objets durables appelés à être transmis d’une génération à la suivante, en passant par un goût avéré pour l’exclusivité, les deux maisons partagent les mêmes valeurs communes fondamentales aux métiers requiérant des savoir-faire d’exception.

Il y a un an, la création de la toile Signature constituait déjà un événement dans l’histoire de la maison parisienne. Jusqu’alors la principale signature de cette dernière était le fameux cuir Venezia patiné à la main, mais elle ne disposait pas d’une toile emblématique comparable au célèbre Monogram estampillé LV. Dès son arrivée à la tête du style de la maison, Kris van Assche en avait revisité le logo en exhumant de ses archives la typographie utilisée pour les embauchoirs de la toute première paire de souliers, il y a plus d’un siècle. Aujourd’hui la nouvelle toile Signature est une création ex-nihilo. Van Assche désirait associer une toile au cuir patiné qui reste la signature de la maison, et a imaginé un dessin composé de différents éléments graphiques issus du cuir Scritto, caractérisé par sa calligraphie tirée d’un document manuscrit du XVIIIème siècle. Inspirée par cette écriture riche en cursives et en déliés, Olga Berluti imagina d’embosser le cuir de cette écriture, comme si la plume trempée d’encre avait inscrit le texte à même la peau, et donna naissance aux nombreuses créations Scritto qui participent de la personnalité très exclusive de la maison. Aujourd’hui, Kris van Assche s’est inspiré de ces éléments afin d’aboutir à une nouvelle expression du Scritto dessiné en all over sur cette nouvelle toile. « Le fonds d’archives Berluti laisse beaucoup de liberté à mes créations, que j’exprime notamment dans le prêt à porter, précise-t-il. Cette liberté m’a également donné envie de créer cette signature comme si elle avait toujours fait partie des archives. Plus je me projette dans l’avenir plus j’ai envie d’ancrer la maison dans une approche traditionnelle et un contexte historique, même fictif. Je voulais avec cette toile Signature créer un pont entre le passé et aujourd’hui. »

Si les bagages Berluti Globe-Trotter se caractérisent par la toile Signature qu’ils inaugurent, leur fabrication reste celle de Globe-Trotter, dont la solidité légendaire est assurée par un procédé de compression extrême de quatorze couches de papier japonais, aboutissant à une fusion de la texture végétale. Devenue aussi résistante et légère que la fibre de verre, la coque ainsi réalisée est ensuite recouverte de la toile Signature, avant que soient assemblés les autres éléments identitaires de la maison Berluti : angles et poignées en cuir Venezia préalablement patinés par les coloristes parisiens et sangles en cuir et pièces métalliques en nickel brillant griffées.

Inspiré du Scritto, le sceau a été revisité en y ajoutant la date de création et le nom de la maison : « Berluti 1895 », ainsi que la mention « Paris ». Les accolades sinueuses provenant du document manuscrit original ont été retravaillées et placées en miroir, délimitant les espaces de répétition du nouveau motif. Le graphisme de la toile Signature apparaît en différentes largeurs, déclinant ses pleins et ses déliés en demi-teintes assourdies, inspirées du gris plomb aux nuances ardoise de la ville de Paris. Son relief évoque le veau grainé sans pour autant vouloir l’imiter, et conserve la propriété principale d’une toile enduite : une résistance avérée aux contraintes d’un usage quotidien aujourd’hui intensif, tandis que les nombreuses interventions manuelles réalisées dans les ateliers Berluti achèvent de lui conférer un caractère exclusif. Ultime détail : deux petits clous d’inspiration bottière apposés sur l’empiècement de cuir ornent ces nouvelles créations, créant un éclat métallique qui accroche la lumière telle une ponctuation stylistique artisanale –  « Le coup de marteau final donné par nos artisans » précise 
Kris van Assche.

(1) Dandy n°69, mars 2018 : « Dès la fin du XIXème siècle, les premiers touristes fortunés font leur apparition. Les pionniers de cette occupation – qui mettra trois quarts de siècle avant d’atteindre la dimension de masse qu’on lui connait aujourd’hui – sont britanniques. Les premiers, nos amis d’outre-Manche n’hésitent pas à utiliser des moyens de transport divers et inconfortables et endurer la fatigue et le risque des voyages, pour découvrir de nouveaux horizons. On parle aujourd’hui de Grand Tour pour définir ce qui est alors une activité totalement nouvelle, aventureuse et coûteuse. »

(2) François Goyard débuta sa carrière comme apprenti chez Louis-Henri Morel, gendre de Pierre-François Martin qui fournissait la duchesse de Berry et y fut formé par les deux hommes, considérés à l’époque comme les meilleurs. Il prit leur succession en 1852. Après lui son fils Edmond visa l’élitisme au-delà de l’excellence et porta le nom de Goyard au-delà des frontières, ouvrant boutique à New York et à Londres.

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Le voyage à travers les siècles

S’il ne se développe significativement qu’au XIXème siècle, c’est au XVIIIème que le voyage d’agrément voit le jour dans l’aristocratie britannique, qui conçoit le principe d’un voyage initiatique destiné à forger le caractère des jeunes hommes, baptisé Grand Tour. L’expression donnera naissance au mot touriste, que l’édition 1803 du Littré définit comme « voyageur qui ne parcourt des pays étrangers que par curiosité et désœuvrement, (…) se dit surtout des voyageurs anglais en France, en Suisse et en Italie. » Marquant le début des voyages effectués sans autre objectif que le dépaysement et l’enrichissement culturel, le Grand Tour va donner naissance à l’âge d’or du voyage et à ses expressions les plus mémorables et les plus romanesques.

Jusque là celui-ci avait toujours eu des raisons plus prosaïques : dans l’Antiquité il se faisait vers les lieux de pèlerinage de Grèce, d’Egypte et d’Asie Mineure ; au Moyen Age aux fins purement mercantiles des grandes foires commerciales et des routes vers l’Orient, et à celles religieuses des pèlerinages vers Saint-Jacques de Compostelle ; et à la Renaissance pour permettre aux philosophes, peintres et sculpteurs de visiter l’Italie, qui représentait alors l’épicentre du monde artistique.

En lui ouvrant de nouvelles perspectives, le Grand Tour se trouve au XVIIIème siècle à l’origine d’une occupation qui deviendra majeure au mitan du XXème : le tourisme (dont le nom dérive, on l’aura compris, du mot touriste). Dès 1838 Stendhal se l’accapare, intitulant un recueil de récits de voyages Mémoires d’un touriste. Trois ans plus tard, Thomas Cook ouvre la première agence de voyages, à Londres.

Durant tout le XIXème, le voyage d’agrément représente la grande aventure dans un monde que la révolution industrielle transforme plus en quelques décennies que ne l’a fait l’évolution naturelle durant les deux millénaires précédents. Au début du siècle l’ère des traversées transatlantiques inaugure une nouvelle forme de voyage.

L’infime minorité de privilégiés qui peut supporter les coûts très élevés de celles-ci y découvre les joies d’une micro-société propice aux civilités. Avant même la destination, le voyage en lui-même est un plaisir, et durant tout le temps qu’il dure les passagers lient connaissance et partagent repas et loisirs en tenues élégantes dans un cadre raffiné. Même si elles réduisent le temps, les traversées transatlantiques sont longues – 18 jours pour la toute première d’entre elles, en 1838, une dizaine de jours en 1912 à l’apogée de ce moyen de transport – et réclament aux passagers une certaine organisation. Ainsi sur les lignes de la Cunard, première compagnie transatlantique, les passagers de première classe ont le droit de se rendre tous les jours en soute afin d’y récupérer des tenues laissées dans leurs malles, tandis que ceux de la seconde classe n’y ont accès qu’une fois et ceux de la troisième classe aucun accès. Après le bateau, l’invention du train démocratise les déplacements longue distance, et dès 1883 l’Orient-Express permet de relier Paris à Istanbul dans un confort jusque là impensable, inaugurant la catégorie très particulière des trains de luxe qui apportent au voyage d’agrément une nouvelle dimension. Enfin c’est à l’avion que l’on doit le tourisme de masse et les hordes de passagers au style affligeant découvrant soudain un monde à la portée de tous durant la seconde moitié du XXème siècle.

Berluti Globe-Trotter