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LE POINT SUR L’ART BOTTIER ET SON AVENIR

Le point avec Dimitri Gomez…

Les connaisseurs français mais aussi européens, américains et même japonais, le considèrent comme l’un des meilleurs bottiers du monde. Dimitri Gomez travaille, seul, dans son atelier installé dans la boutique Crockett & Jones du quartier de La Madeleine, à Paris. Il a répondu aux questions de nos collaborateurs avec la simplicité et la gentillesse qui le caractérisent. Un grand moment de connaissance bottière. Interview réalisée par Virgile Mercier & Pierre-Antoine Levy (forthediscerningfew.com)

Pointure : Un rapide retour tout d’abord sur votre parcours personnel ?

Dimitri Gomez : « Je n’ai pas un parcours classique par rapport aux autres bottiers car je n’ai pas fait le compagnonnage. J’ai atterri dans la chaussure un peu par hasard, en débutant par une école d’orthopédie alors que j’avais déjà 25 ans passés. Mais  l’orthopédie ne m’intéressait pas et j’ai poursuivi mon apprentissage par un stage chez un vieux bottier, rue du Faubourg Saint Honoré. Ensuite de quoi j’ai travaillé cinq ans pour Di Mauro, en même temps que pour l’Opéra Garnier, puis chez Vaneau, où cette fois j’étais tout seul. Il a donc fallu que je me débrouille avec ce que j’avais appris, et à ce titre l’expérience acquise chez Di Mauro m’a énormément servi. Enfin lorsque Thierry Duhesme a créé la boutique Crockett & Jones Paris en 1998, il m’a proposé de m’y installer. Pour résumer je dirais que j’ai donc commencé sur le tard, mais je pense que, comme pour beaucoup de métiers, soit tu as ça en toi, soit tu ne l’as pas. Aujourd’hui encore je me dis que ce devait être ma voie.

Vous n’avez pas fait le compagnonnage. En cela, vos  méthodes de travail sont-elles différentes de celles employées par des bottiers qui sont d’anciens Compagnons du Devoir ?

Tout à fait. N’ayant pas fait le compagnonnage, j’ai des techniques qui sont un peu différentes et je me sers d’outils que les Compagnons n’utilisent pas en France, comme ces lames provenant de Turquie que j’affûte moi-même. Pour ce qui est de la réalisation technique de la chaussure, je travaille aussi mes bouts durs différemment, par exemple : j’ai un gabarit, je le mets dans l’eau, et une fois qu’il est bien mouillé, je le travaille. Puis je le pose à la colle néoprène, le côté fleur à l’extérieur. En laissant un peu de souplesse, afin que si le client a un problème de pied, s’il sent que ca touche, je puisse encore faire quelque chose pour rectifier le tir. C’est ce qu’on appelle un bout “ping-pong” et cette technique vient de la chaussure pour femme.

Avez-vous élaboré ces techniques vous-même ?

Je les ai apprises au contact des anciens que j’ai côtoyés, quand j’ai débuté dans le métier. Evidemment, j’applique celles qui me paraissent les plus judicieuses car réaliser une chaussure nécessite beaucoup de petites préparations. Par exemple, quand je plante les clous, il faut qu’ils soient bien tous espacés et alignés pareil. Ainsi, quand je tape au marteau et qu’ensuite je couds la trépointe, la chaussure ne se déforme pas.

Comment se passe la relation avec un client qui souhaite une paire de souliers mesure ?

Tout part d’une discussion. Je demande au client ce qu’il a en tête, quel type de bout il souhaite : rond ou carré ; rond classique ou un peu fuyant, et caetera. Après, il faut trouver le meilleur compromis entre le confort et l’élégance car la forme que je vais créer dépend du pied mais aussi de la morphologie du client. S’agissant des proportions, je fais confiance à mon œil pour que cela soit harmonieux. Je réalise donc le patron et la forme, et je propose un premier essayage, généralement sur une semelle en liège, même si à la demande du client il m’arrive de faire des essayages sur semelles de cuir. Suite à l’essayage, nous discutons et je procède à des ajustements jusqu’à ce que nous soyons tous les deux satisfaits.

Vos clients sont-ils précis, voire pointilleux, dans leur idée de la chaussure qu’ils souhaitent ?

Cela dépend : certains le sont, d’autres moins. Si un client me demande, par exemple, que son quartier de talonnette s’arrête à un endroit précis, je vais m’exécuter. S’il ne me le précise pas, je fais à ma manière afin que ce soit harmonieux. Mais c’est de l’artisanat, ça n’est pas une science exacte : tout ne peut pas être au millimètre près. Ça n’aurait d’ailleurs pas de sens. J’ai déjà vu quelques paires qui présentaient « zéro défaut esthétique », mais elles ne chaussaient pas convenablement. Or une chaussure est faite pour être portée, pour marcher par terre. Malgré tout, si un client souhaite une paire esthétiquement parfaite, je peux la lui faire, mais il faut qu’il y mette le prix car cela demande énormément de temps.

Vous travaillez tous les types de peaux ?

Tout à fait. J’ai la chance d’avoir accès, par le biais de Crockett & Jones, à des peausseries que les autres n’ont pas. Je peux par exemple avoir du veau-velours rouge que les tanneries refuseront à d’autres bottiers. Avec Crockett & Jones, les choses sont plus simples et j’ai accès à d’innombrables peausseries telles que le cordovan. En outre, quand je demande un box noir, j’ai le choix entre plusieurs excellentes tanneries, mais je demande toujours des peaux des Tanneries Freudenberg et ils me choisissent les meilleures. Cela m’évite de me déplacer, ce qui me fait gagner un temps précieux car je travaille seul.

Refusez-vous de travailler certaines peausseries ?

Non, mais il existe des peausseries telles que le galuchat qui sont pénibles à travailler. Il est très difficile de réaliser un travail noble comme on le faisait dans le temps avec ce genre de peau.

Est-il plus facile de réaliser une paire pour un client pour lequel vous avez déjà réalisé plusieurs paires ?

Oui, car la forme en bois reste la même. Maintenant, si un client souhaite une forme carrée alors que je lui avais réalisé une paire de forme ronde, il y a deux solutions : soit je refais une forme, soit je change simplement le bout et je garde l’arrière. Ce n’est pas évident car il faut que la ligne reste fluide.

Arrive-t-il que le client ne se sente pas bien dans la chaussure après les premiers ports ?

Cela peut arriver, et le métier est là, justement. Quand il y a un problème, il faut le résoudre et cela demande bien souvent de la réflexion. C’est pourquoi il m’arrive de poser une chaussure plusieurs jours avant de la retravailler, afin de réfléchir à la manière dont je vais surmonter une difficulté.

Quelles sont les modèles que l’on vous demande le plus ?

Les demandes sont très diverses, mais la plupart du temps les nouveaux clients me demandent des choses classiques : un richelieu bout droit, un one cut, et caetera. Quand je commence à bien connaître un client, je peux lui proposer des choses plus originales. Nous réfléchissons ensemble et nous pouvons décider de réaliser un modèle qui sort de l’ordinaire. C’est un des plaisirs du métier. Mais le principal est avant tout que le client soit content, qu’il s’agisse d’une paire en crocodile ou d’un richelieu bout droit noir.

Y a-t-il un modèle plus difficile à réaliser que les autres ?

Pour un patronnier débutant, c’est le derby écossais : il s’agit d’un derby cinq œillets avec un plateau jointé sur chair, en cousu norvégien. Il existe aussi des modèles à bride qui ne sont pas évidents à patronner. La botte cavalière n’est pas facile à réaliser non plus car au-delà du pied il y a tous les paramètres de la jambe qui entrent en ligne de compte.

Et à l’inverse, avez-vous un modèle de prédilection, que vous préférez travailler ?

Pas vraiment. Ce que j’aime surtout, c’est sortir un nouveau modèle. J’aime le travailler parce que j’ai hâte de voir le résultat final. Mais à titre personnel, mon modèle préféré, c’est la chukka boot car si la forme et la peau sont belles, c’est un beau compromis que l’on peut porter n’importe quand, avec n’importe quelle tenue.

Que pensez-vous des bottiers qui réalisent des souliers à partir de formes en résine et non en bois ?

Je ne pense pas qu’ils puissent être appelés « bottiers ». N’est bottier que celui qui sculpte une pièce de bois et qui réalise ses formes. La résine, c’est pour les souliers industriels. Ceux qui se disent bottiers et qui travaillent avec des formes en résine sont ceux qui ont un peu de connaissance dans la chaussure et qui surfent sur la mode du « sur-mesure ». Mais le bottier traditionnel ne travaille qu’avec des formes en bois qu’il fait lui-même, car il est impossible de monter la chaussure sur une forme en résine.

Objectivement, qu’apporte le sur-mesure par rapport au prêt-à-chausser ?

Je ne dirais même pas forcément un confort car il y a du prêt-à-chausser très confortable, et des personnes aux pieds « standard » n’auront pas besoin physiquement de passer au sur-mesure pour avoir un soulier confortable. D’abord, il y a le désir du client : j’ai des clients qui veulent avoir le pied très tenu, très entouré et d’autres qui, au contraire, veulent être dans des « savates » car ils ne supportent pas la rigidité. Ceux-là doivent passer au sur-mesure. Il y a aussi des gens qui ont des pieds qui sortent de la norme. Et enfin, il y a bien sûr une question d’esthétique, de personnalisation du soulier que le prêt-à-chausser ne peut pas apporter.

Votre activité est-elle touchée par la crise ?

Le rythme n’est plus le même qu’avant. Avant les clients étaient répartis sur tout le mois ; désormais, c’est assez calme les trois premières semaines et je peux faire mon mois dans la dernière semaine. Il y a certes un ralentissement, mais on s’adresse à une clientèle qui est peu touchée par les difficultés économiques…

Comment voyez-vous l’avenir du métier de bottier, et celui de l’artisanat en France en général?

Je pense que le savoir-faire se perd. Il y a des techniques et des détails que j’ai moi-même oubliés et que je ne pourrai pas transmettre à de jeunes apprentis bottiers. C’est pourquoi je crains que les souliers sur-mesure soient de moins bonne qualité à l’avenir. Par exemple, aujourd’hui beaucoup de bottiers achètent du fil tout fait. Pour ma part, je continue à le fabriquer ; ce que j’ai mis un an à savoir faire correctement. J’aime rester proche de ce que faisaient les anciens parce que c’est un métier qui mérite ce respect du savoir-faire.

Je suis aussi sceptique sur l’avenir de l’artisanat en France. Maintenant, il faut tout mettre en œuvre pour que ça revienne. La question principale reste : « Y a-t-il de la demande ? ». Je ne sais pas si la majorité des gens sont prêts à mettre le prix pour quelque chose qui a été fait à la main et qui a nécessité beaucoup d’heures de travail.

Au-delà de votre métier, nous savons que vous êtes un grand amateur de vêtements militaires et de workwear. Est-ce que cela vous influence dans votre activité de bottier ?

Non, disons que c’est vraiment un hobby, qui vient de mon adolescence. J’ai toujours aimé avoir le produit que les autres n’avaient pas. Pour ce qui est du vêtement vintage, je portais ça étant plus jeune et cette passion pour les années 40/50/60 ne m’a jamais quitté. En fait, c’est le fait d’être en décalage qui me plaît beaucoup. J’aime tout ce qui est typé. Entre un chino acheté récemment et une pièce vintage, mon choix est fait.

Quelques mots sur l’évolution de la boutique Crockett & Jones de la rue Chauveau Lagarde ?

Ce projet d’agrandissement ne va rien changer pour moi. Mon atelier va simplement être rénové. Mais je rassure mes clients : je serai toujours présent l’année prochaine ! »