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La canne : désuète ou décalée ?

« L’esprit d’un homme se devine à la manière dont il porte sa canne » (Balzac, Traité de la vie élégante)

Accessoire indissociable du bon goût masculin, la canne a connu son heure de gloire aux XVIIIème et XIXème siècles et accompagné les époques de grande élégance, du dandysme des Brummell, Byron et autres Proust, aux nantis des années folles. Tombée en désuétude au XXème siècle, elle reste un objet original, que plusieurs créateurs contemporains s’attachent à remettre à la mode. Les grands élégants ne l’ont jamais totalement abandonnée.

De Brummell à Wilde, tous les grands dandys XIXème s’approprièrent la canne, qui constituait alors l’ordinaire d’une tenue masculine bien comprise. C’est aux Anglais que l’on doit son grand retour dans le vestiaire de gentlemen, les dandys hexagonaux adoptant dans leur foulée ce qui était devenu un signe extérieur de distinction. La Restauration donnera une résonnance nouvelle à cet accessoire avant que le Second Empire le voie passer du stade de la création artisanale à celui de la production industrielle, puis qu’il connaisse son apogée au début du XXème siècle. L’avènement puis le développement de l’automobile signeront sa disgrâce, jusqu’à ce qu’on la voie réapparaître circonscrite à un rôle paramédical aux  mains des personnes âgées au tournant des années 50. Si plusieurs fashion makers lui offrent aujourd’hui une résurrection inattendue, la canne n’a jamais totalement déserté le vestiaire du dandy contemporain.

Collection Galerie Laurence Jantzen

Cannes d’agrément et cannes à système
Les amateurs la distinguent en deux grandes catégories : la canne d’agrément, la plus simple et la plus courante, et la canne à système, qui fait le bonheur des collectionneurs. Catégories auxquelles on pourrait ajouter celle des cannes orthèses, destinées à apporter une aide à la marche (amélioration de l’appui et franchissement d’obstacles comme les escaliers ou les trottoirs), quoi que celles-ci soient techniquement apparentées aux cannes d’agrément, n’en divergeant que par leur destination. La première est l’héritière de vingt siècles d’évolution de l’humanité. Initialement destinée à aider à la marche et à la défense, elle s’est sophistiquée au fil du temps jusqu’à se doter d’atours luxueux dans les cours royales où elle devint un attribut élitiste, position qui lui vaut d’être également appelée canne vestimentaire ou canne de prestige. La seconde s’est surtout développée au XIXème siècle, et peut se révéler pratique astucieuse ou étonnante, voire insolite. Dans un cas comme dans l’autre, connaître son histoire permet de mieux la comprendre.

Immémoriale
Si on ne sait pas dater l’origine de la canne (on peut aisément imaginer qu’elle fut spontanément adoptée par l’homme et que les premières d’entre elles étaient de simples bâtons), on connaît en revanche exactement l’âge de la plus ancienne collection connue à ce jour, puisqu’il s’agit de celle du pharaon Toutankhamon, qui vécut quatorze siècles avant J.C. et dans le tombeau duquel Howard Carter découvrit en 1922 une centaine d’exemplaires, tous plus précieux les uns que les autres – modèles en or, en argent, incrustations de pâte de verre et de fleurs de lotus, sculptures diverses… Plus près de nous, la mythologie grecque (Zeus, OEdipe…), la Bible (Moïse) et l’histoire romaine, font état de l’existence de cannes. C’est d’ailleurs dans la Rome antique que l’on observe les premières expressions hiérarchiques de l’objet, qui représente alors la noblesse, alors qu’il va traverser les quinze siècles suivants sans être chargé de connotation sociale.

Il faut ensuite attendre François 1er pour retrouver la canne aux mains d’un souverain, puis Catherine de Médicis (dont on sait qu’elle fit venir de Florence son modèle d’ébène incrusté de nacre), Louis XIII, Richelieu (dont la pièce préférée reste l’une des plus précieuses connues à ce jour) et enfin Louis XIV dont les courtisans, et à leur suite toute la noblesse, adoptent ce signe de prestance royale, en lançant la mode. Ce XVIIème siècle est celui d’une étiquette plus complexe et stricte que jamais, à laquelle la cour enivrée du rayonnement culturel versaillais soumet la noblesse. On encense Molière, Boileau et Racine (que le roi subventionne), on admire les grandioses créations de Le Nôtre, on porte beau et l’on affiche sa canne, devenue un accessoire vestimentaire indispensable : la France est à l’apogée de son prestige et de son influence, et le Grand Siècle mérite bien son nom. Il voit les peintres dessiner leur modèle d’une main tandis que l’autre tient une canne, et verra même apparaître une éphémère canne féminine, relevée de rubans et de dentelles. Adoptée par la bourgeoisie pressée d’imiter la cour, la canne se démocratise La canne connaît son âge d’or entre 1830 et 1914. Affranchie de l’étiquette (hormis celle de la stature à adopter pour marcher élégamment, qui nécessite de cambrer la taille et d’adopter le rythme adéquat) et dépassant largement le cadre de l’aristocratie (même si elle reste un signe de distinction sociale), elle fait désormais partie du quotidien.
Dans ce XIXème siècle prometteur, aucun gentilhomme ne songerait à sortir sans l’indispensable accessoire, qu’il adapte aux circonstances : il y a la canne de jour, pour les visites et les affaires, le plus souvent en bois des îles et pourvue d’une crosse d’ivoire, et la canne du soir, ou canne de théâtre, au fût en bois précieux surmonté d’un pommeau en ivoire ou, nec-plus-ultra : en corne de rhinocéros. Les plus élégants optent pour des modèles si fins qu’ils la portent coincée sous le bras, ne pouvant plus s’y appuyer en même temps que le manche d’argent et les têtes sculptées, trop typés second Empire, sont à présent passés de mode : il convient à présent d’acheter chez l’un des grands joailliers parisiens (Cartier, Fabergé, Tiffany…) un pommeau luxueusement façonné.
Désormais indispensable à tout élégant qui se respecte, l’objet devient courant et les fabricants se multiplient et rivalisent d’ingéniosité pour se distinguer de la concurrence : ils créent bientôt les cannes à système. Epée, flasque à alcool, étui à cigare, jeu de dés, parapluie et nombre d’autres accessoires inattendus, prennent place dans les fûts des cannes – on ne dénombrera pas moins de 2000 brevets déposés en ce sens dans le courant du XIXème siècle.
Les expositions universelles de Paris et Chicago (1889, 1893 et 1900) voient se mélanger toutes les classes sociales, l’Art Nouveau et l’Art Déco qui lui succèdera bouleversent les habitudes picturales, architecturales et décoratives : le XXème siècle naissant s’annonce comme celui de tous les changements. Dans ce grand maelstrom culturel la canne reste moderne, elle est même la figure imposée du concours des Arts décoratifs 1902. La guerre terminée, les années folles sont propices à toutes les fêtes et tous les excès. Les Européens veulent oublier le cauchemar de 14-18 et s’octroient tous les plaisirs : confiantes en une économie prospère les moeurs évoluent ; la femme moderne s’annonce, portant jupe courte et conduisant une voiture ; le jazz et le charleston révolutionnent la musique et les soirées dansantes, la Café Society s’invente une place entre l’aristocratie du siècle passé et la jet-set à venir… Dans cette débauche de fêtes et de luxe, la canne vit ses derniers instants de gloire. Alors que sa qualité n’a jamais été aussi élevée, ses fûts aussi raffinés, ses formes aussi épurées et ses matériaux aussi nobles et précieux, l’automobile, grande invention du siècle, va la contraindre à l’inutilité et la désuétude.

La canne de combat
Canne de combatC’est également au XIXème siècle que le rôle potentiellement défensif de la canne se trouve règlementé, et les premières techniques de combat codifiées et enseignées. On apprend à cette époque l’art du combat de canne comme ceux de l’escrime et de la savate : dans des salles d’armes. A partir de 1852, la pratique militaire de la canne est formalisée par l’Ecole de Joinville au même titre que la boxe française, et l’armée délivre les premiers brevets, qui permettent à leurs titulaires d’enseigner dans les unités militaires mais aussi dans les établissements publics. Parmi les grands maîtres de la spécialité, l’Histoire retiendra les noms des auteurs de deux ouvrages fondateurs : Louis Leboucher (Théorie pour apprendre à tirer la canne en 25 leçons, 1843) et Joseph Charlemont (L’art de la boxe française et de la canne, 1899). L’art du combat de canne sera enseigné pendant le service militaire jusqu’en 1914, avant de tomber en désuétude au lendemain de la première guerre mondiale et de sommeiller pendant plus d’un demi-siècle jusqu’à sa résurrection au milieu des années 60 en qualité de discipline sportive gérée par les instances de la boxe française (CNBF), et l’organisation des premiers Championnats de France en 1980. Cette « discipline assimilée » de la Fédération Française de Boxe et de Savate dispose de sa propre infrastructure depuis 1993 : le CNCC B (Comité National de Canne de Combat et de Bâton), qui permet au public de découvrir un sport de combat aussi esthétique que codifié.

Etiquette et élégance

Collection Galerie laurence Jantzen

Paradoxalement, c’est sans doute au XIXème siècle, lorsqu’elle se démocratisa, que la canne se révéla le plus sûr marqueur du niveau social de celui qui la portait. Si son usage ne s’enseignait nulle part, elle soulignait les prédispositions naturelles de ses utilisateurs, et même, selon les codes  de l’époque, leur humeur. L’attitude la plus spontanée, qui consiste à la tenir sous le pommeau (la tenir par le pommeau donnant un aspect très solennel, orgueilleux) et à scander ses pas de sa pointe, était alors interprétée comme naturelle. Tenir sa canne par le milieu du fût et lui imprimer un léger mouvement de balancier traduisait en revanche la sérénité, la sûreté de soi. Planter énergiquement sa pointe à chaque pas indiquait une mauvaise humeur, ou à tout le moins de la contrariété. Une prise anarchique glissant du haut au milieu de la canne soulignait l’indécision, portée dans le dos et frappant les omoplates elle prévenait d’un caractère coléreux, traînant derrière son propriétaire de son abattement… Ces interprétations sociales du port de la canne disent à quel point celle-ci avait abandonné son rôle originel d’aide à la marche pour devenir un accessoire vestimentaire – on disait alors « de toilette »

La canne aujourd’hui
Neuve ou de collection ? La variété des cannes anciennes et leur histoire attirent les collectionneurs. Ils ont leurs adresses de prédilection au Louvre des Antiquaires, en particulier la galerie Laurence Jantzen, spécialisée dans le domaine depuis trente ans. Les connaisseurs savent y trouver les pièces les plus anciennes et les plus rares, des modèles en ivoire, en corne, en écaille, en vertèbres de requin ou en fanons de baleine et jusqu’aux cannes à système. Un cabinet de curiosités au sens le plus littéral du terme.

La production contemporaine a abandonné la production industrielle qui avait marqué la démocratisation de la canne pour en revenir à la production artisanale des années de lumière, et à côté des fabricants de cannes orthèses, plusieurs maisons sont aujourd’hui spécialisées dans la fabrication de belles cannes, et même de cannes à système. Nous en avons visité deux, aux parcours radicalement différents puisque l’une est plus que centenaire alors que l’autre est récente et l’oeuvre d’un compagnon élevé au titre d’Artisan d’Art. Deux approches, une même passion.

Fabrication artisanale
Installée en Auvergne, l’entreprise Fayet fabrique des cannes depuis 1909. La douzaine de personnes qu’elle emploie fabrique 25.000 cannes par an, destinées à un petit réseau de boutiques spécialisées de Paris, Londres, Milan et Tokyo pour ce qui concerne ses modèles hauts de gamme, et à une distribution plus large de ses modèles para-médicaux. « Les cannes de luxe et d’exception ne peuvent être notre seul fonds de commerce, explique Jean-Luc Fayet, petit-fils du fondateur et directeur actuel de l’entreprise : jusqu’en 1990 nous vendions plus de cannes aux couteliers, armuriers et maroquineries qu’aux orthopédistes, mais depuis vingt ans la tendance s’est inversée, les magasins de matériel médical et les pharmacies en écoulent beaucoup ». Pourtant la maison produit toujours des pièces raffinées destinées aux amateurs et aux collectionneurs, cannes à système et cannes d’exception pourvues de pommeau en or ou en ivoire et de fûts en essences rares. Membre des Ateliers d’art de France, elle s’est vu décerner en 2007 par le Ministère de l’Industrie le label Entreprise du Patrimoine Vivant, qui distingue les sociétés aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence, et a collectionné les récompenses ces dernières années : Trophée international de la qualité à Madrid 1994, Métier d’art en 1995, Prix Dunhill Prestige en 2000, Prix Vinci des métiers d’art en 2009… A la tête de l’entreprise depuis 1986, Jean-Luc Fayet pérennise la réorientation décidée par son père au milieu des années 60, qui délaissa le parapluie alors en pleine crise pour concentrer sa fabrication sur la canne. La collection de pièces rares qu’il a patiemment constituée est aujourd’hui une source d’inspiration pour son fils et sa petite-fille Amandine, qui a rejoint l’entreprise en 2005 et en prendra la direction cette année. Parmi les pièces les plus représentatives des Cannes Fayet : un modèle entièrement gainé de peau de cobra, un autre habillé de galuchat, un « bâton de sport » pour Chanel début 2012, une poignée en bambou pour Christian Lacroix… A l’heure où elle s’apprête à mettre son avenir entre les mains de la quatrième génération, la maison Fayet pourrait bénéficier d’un engouement nouveau initié par les maisons de mode. Elle pourrait y mettre en avant un niveau d’expertise sans concurrence dans l’Hexagone.

La carte du prestige
Pierre Vanherck a choisi une tout autre approche. Après dix ans passés dans l’informatique, il décide de se consacrer à sa passion pour le bois, s’impose une formation par compagnonnage chez les Meilleurs Ouvriers et Artisans de France et est reconnu Artisan d’Art par l’Office des Métiers d’Art du Bravant wallon en 2000. Il commence à produire et vendre son propre mobilier contemporain et s’attelle quatre ans plus tard à la réalisation de la commande d’une canne de prestige. Un défi pour lui qui n’a jamais travaillé sur ce genre d’article. Mais aussi un tournant dans sa carrière, car cette expérience débouche sur une véritable passion pour les cannes. 2005 le voit créer une collection complète, constituée de pièces luxueuses associant bois et métaux précieux. A l’ébène et la palissandre utilisés par ses confrères il ajoute le bois d’amourette, le bois de rose et le mopani, il s’entoure de maîtres graveurs, de maîtres maroquiniers et de maîtres joailliers pour produire des pièces exceptionnelles. Une approche de la spécialité qui lui permet de se construire rapidement une réputation : dès 2006 les cannes Pierre Vanherck remportent le concours La vitrine de l’Artisan, l’année suivantes elles sont exposées à Paris et Tokyo, puis à Monaco et Luxembourg en 2009. Cette même année l’Agence Wallone à l’Exportation lui commande une canne destinée au Pape Benoît XVI. Dotées des pommeaux en bois précieux, en or ou en argent, éventuellement habillés de cuirs ou de peaux exotiques voire rehaussées de pierres précieuses, les cannes Pierre Vanherck sont toutes des pièces uniques, livrées accompagnées d’un certificat d’authenticité qui participe de leur valeur, et les éventuels travaux de joaillerie ou d’orfèvrerie dont elles peuvent bénéficier sont agréés par la monnaie Royale de Belgique. Replacée sous les feux de l’actualité hollywoodienne par la série à succès Docteur House, la canne fait aujourd’hui un retour discret dans l’accessoirie masculine et est reprise à leur compte par plusieurs marques de mode typées hipster. Si Hugh Laurie, l’interprète de la célèbre série, ne la porte qu’à l’écran, plusieurs personnalités l’ont ont en revanche récemment adoptée à la ville. Les people constitueront-ils la nouvelle étape de son émancipation, après le XIXème siècle qui l’a vue passer de l’aristocratie à la noblesse, puis à la bourgeoisie ? Pas si sûr : quelle que soit l’époque, la canne a toujours été un accessoire distingué, véhiculant une certaine notion de chic et d’élégance, et son avenir passe donc plus vraisemblablement par la nostalgie et l’audace des élégants que par le besoin d’exposition des nouvelles – et éphémères – vedettes de la télé réalité.

Oscar WildeSalvator DaliFred Astaire

 

On en parle : Télématin – France 2 le 27 avril 2013