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Gabriele d’Annunzio : s’il n’en reste qu’un

Pour la postérité, Gabriele D’Annunzio reste le dernier des grands dandys du XIXème, représentants d’une époque où les princes de l’élégance se consacraient essentiellement à « faire de leur vie une oeuvre d’art ». Poète et écrivain, à la différence de ses aînés il fut aussi un homme politique influent et un héros de guerre.

Il était le fils de Francesco Rapagnetta, riche propriétaire terrien qui avait fait ajouter D’Annunzio (hérité de son oncle adoptif) à son patronyme au milieu du XIXème siècle, et avait usé de son influence pour que l’étatcivil de son fils se circonscrive à ce seul patronyme. Lycéen en Toscane, Gabriele accède à la notoriété dès l’âge de dix-sept ans à la publication de Primo Vere, son premier recueil de poèmes. Ecrit dans un style byronien plutôt emphatique, celui-ci révèle déjà le goût des circonvolutions verbales utiles à la seule harmonie des phrases, acquis au cours de nombreuses lectures, mais aussi et surtout son exigence et le besoin de transcender sa vie. Intégrant la faculté de lettres de Rome en 1881, il y fréquente les cercles littéraires, révèle un brillant talent de chroniqueur mondain en collaborant à différents journaux et entame une conséquente production de nouvelles et romans qui lui vaut d’être considéré comme un enfant prodige.
On décèle déjà dans le premier d’entre eux, l’autobiographique Il piacere (Le plaisir, traduit en Français sous le titre L’enfant de volupté en 1889), les prémices de ses oeuvres futures et l’influence de Maupassant, la résolution de son héros à vivre sa vie comme une oeuvre d’art annonçant déjà le dandy en devenir. En convoquant Tolstoï, son deuxième roman témoigne de l’érudition du jeune auteur. Encensés par la critique et traduits, les deux ouvrages lui permettent d’accéder à la reconnaissance internationale.
Désormais célèbre, il abandonne rapidement les cours magistraux pour fréquenter les salons et multiplier les conquêtes féminines, le plus souvent adultères. Bien que frêle et de petite taille, il excelle cependant dans le domaine sportif et s’avère notamment un duelliste redoutable. Mais le principal objet de sa passion est d’ores et déjà la femme. Toutes les femmes. Dès l’université on lui connaît de nombreuses conquêtes féminines, jusqu’à la fille du duc de Gallese, qu’il doit épouser pour sauver les apparences et qui lui donnera trois fils avant de divorcer, huit ans plus tard. Esquissant déjà sa future réputation, il a aussi de nombreuses maîtresses – dont il aura de nombreux enfants illégitimes, aux besoins desquels il subviendra toute sa vie durant.

d'annunzio

Avec son ami et traducteur français Georges Herelle, dans les années 1900.

 

Les biographes trouveront une éloquente évocation autobiographique de ses amours dans L’Invincibile et Il trionfo della morte, et de façon plus transparente dans Le feu (Il Fuoco, 1900), qui relate sa relation avec Eleonora Duse, dont il partagea la vie durant une dizaine d’années. Sa relation avec la tragédienne inspirera à D’Annunzio une importante production théâtrale, et certainement les ressorts de sa carrière politique.
Ce cinquième roman est surtout celui dans lequel apparaît le surhomme dannunzien, corrélable du modèle nietzschéen pour sa part tout entier tendu vers l’esthétique. Il en pousse la doctrine plus avant dans l’ouvrage suivant Forse che si, forse che no, dont le héros a pour devise le concept éminemment nietzschéen du vivre dangereusement, et introduit la pratique des sports dangereux (coureur auto, aviateur, explorateur…) comme éléments de style de vie de son surhomme. Il ne faut pas être un grand exégète pour retrouver D’Annunzio dans l’aviateur de Forse che si… Si ce goût de l’esthétique, qui marquera toute son oeuvre, lui vaut des moments de grand spleen, il lui permet aussi de briller dans la vie mondaine, où son humeur égale et son enthousiasme de jeune aristocrate décadent et raffiné font de lui un invité recherché.
Traduit et publié dans le monde entier, il est particulièrement célèbre en France où il vend plus de livres qu’en Italie, et où une conférence sur son oeuvre est donnée à la Sorbonne, et envisage à présent un destin politique. Candidat aux élections législatives, il subjugue par des discours enflammés au cours desquels il convoque Dante et évoque la grandeur de la Rome antique. Elu député, il siège dans les rangs de l’extrême droite mais virera bientôt à gauche, rebuté par la médiocrité des députés de droite, qui éveillent en lui une conscience sociale qui l’interpelle violemment et un esprit chevaleresque qui ne le quittera plus. Ces nouvelles activités ne l’empêchent pas de multiplier les publications théâtrales, pas moins de sept oeuvres entre 1897 et 1900. Il tâte également du livret d’opéra et livre trois créations, parmi lesquelles Le martyre de San Sebastian, dont Debussy signera la musique, et en 1899 entame ce qui restera son chef d’oeuvre poétique : Laudi del cielo del mare della terra e degli eroi.

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Avec Ida Rubinstein, danseuse vedette des Ballets russes.

Déjà le dandy annoncé par L’enfant de volupté s’affirme. Pendant ces années durant lesquelles la France s’enivre des fastes de la Belle Epoque tandis que l’Italie est morose, tel un prince de la Renaissance D’Annunzio habite une villa sur les hauteurs de Florence, La Capponcina, où il vit dans un très grand luxe, entouré d’oeuvres d’art, d’une quinzaine de domestiques, de ses 10.000 livres et de nombreuses maîtresses – parmi lesquelles de nombreuses aristocrates. Mais il y vit à crédit, et si les banques prêtent d’abord volontiers à l’auteur à succès, malgré ses importants droits d’auteur les huissiers font rapidement partie de son quotidien. Comme Casanova, D’Annunzio vénère Venise pour sa volupté et sa lumière divine, et Florence pour l’invitation à la contemplation de ses campaniles, ses palais et ses coupoles, comme Casanova il adore les femmes et méprise l’argent, et comme Casanova il passera sa vie à étancher ses dettes et ses créances. Sa notoriété et sa passion pour l’aviation naissante lui permettent de donner rapidement une série de conférences très rémunératrices, qui connaissent un grand succès et rencontrent une forte demande. Mais trois mois de ce rythme répétitif le lassent : il abandonne les conférences et doit quitter Florence, où sa maison et ses biens sont saisis, pour s’installer brièvement à Rome, puis très rapidement à Paris, où ses pièces sont jouées et où il est célébré, entamant en 1910 ce qu’il appellera son « exil volontaire ».

Montesquiou lui offre Paris sur un plateau

Retrouvant sa nature première, il y fait rapidement fureur dans les salons où il rencontre le comte de Montesquiou, esthète raffiné et homosexuel notoire, qui domine la vie mondaine et littéraire parisienne. Vouant à D’Annunzio une admiration sans bornes, l’aristocrate dandy prend celui-ci sous sa coupe et guide ses premiers pas dans la haute société parisienne. Avec lui, l’exilé italien fait la connaissance de Barrès, Briand, Blum, Debussy, France, Proust, Cocteau… Montesquiou ne s’économise pas pour lancer son nouvel ami, déjà en vogue dans le Paris mondain – on les voit déjeuner avec André Gide le 14 avril, assister à la représentation d’adieu de Sarah Bernhardt le 15, à la réception de Marcel Prévost à l’Académie Française le 21, chez la comtesse de Noailles le 26 mai, dîner avec Edmond Rostand et Pierre Loti le 2 juin…
Aussi célèbres l’un que l’autre pour leur érudition sans faille, en quelques mois les deux hommes règnent sans partage sur l’intelligentzia parisienne. Faite de dîners en ville, de soirées à l’Opéra et d’après-midi au champ de courses d’Auteuil, la vie très mondaine de l’auteur transalpin fait la une de tous les journaux. Entre les deux hommes se développe une véritable amitié teintée d’un grand respect. A l’automne, Montesquiou invite D’Annunzio en son château de Marsan, hérité de son ancêtre d’Artagnan, où une plaque de marbre commémoratrice l’accueille : « Le 27 septembre 1910, l’illustre poète Gabriele D’Annunzio a honoré cette vieille demeure d’une visite, entre toutes glorieuse, par la faveur de l’amitié, l’éclat de la renommée et la magnificence du génie ». En toute simplicité.
En cela différent des grands dandys XIXème, l’Italien a la réputation de ne jamais dire du mal de personne. Irrévocablement poli avec tout le monde, la réputation qui le précède force le respect des hommes et l’intérêt des femmes. Lorsque Boni de Castellane l’évoquera dans L’art d’être pauvre, en 1925, il expliquera ses succès féminins par le véritable magnétisme qui faisait oublier son physique modeste – de surcroît désormais affublé d’une importante calvitie. Dans les salons parisiens on apprécie sa capacité d’écoute (tout l’inverse de certaines personnalités ayant par trop tendance à se mettre en avant) et on fait silence lorsqu’il s’exprime de sa voix restée douce, presque fluette.

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A Arcachon, D’Annunzio effectue chaque matin une longue promenade à cheval.

En décembre 1910, Montesquiou brave la haute société à laquelle il veut imposer son ami en organisant une conférence consacrée au dernier livre de celui-ci : Forse che si forse che no. Le tout-Paris bruisse autour de l’événement, qui s’annonce comme le plus marquant de la saison. Durant une heure et demie, le Français encense l’oeuvre de l’Italien devant le plus prestigieux des parterres : aux côtés de toute l’aristocratie parisienne on remarque Boni de Castellane, trois Rotschild, Paul Clémenceau, Isadora Duncan… La réussite éclatante de la soirée n’empêchera pas l’amitié entre les deux hommes de se déliter, une petite année plus tard, le caractère exclusif du protecteur se heurtant à l’indépendance du protégé. Bientôt le bruit courra dans la capitale d’un froid entre les deux hommes. La brouille, qui ne sera pas de longue durée, ne laissera cependant plus jamais la place à l’amitié admirative de la première année. En attendant, pour d’Annunzio cette année 1910 aura été une année de fêtes, de fastes et de femmes. Mais à Paris aussi de nouveaux créanciers le poursuivent bientôt, et il profite de l’invitation de sa principale maîtresse du moment, la très riche artiste peintre Romaine Brooks (née Waterman) pour s’installer à Arcachon.

Arcachon

C’est un chapitre important de sa vie que Gabriele D’Annunzio entame, sans le savoir encore, à Arcachon. Il va en effet passer plusieurs années dans le cadre romanesque du Pilat, et y écrire un discours historique lourd de conséquences. La félicité avec Lorraine Brooks, qui a entrepris son portrait grandeur nature, est de courte durée, la comtesse de Goloubev, aussi étourdissante de beauté que de fortune et maîtresse la plus ancienne en date, qui a quitté son mari pour d’Annunzio, y retrouve en effet le « fugitif » et chasse sa rivale. Au Pilat la vie a des airs de film de James Ivory : D’Annunzio se promène longuement à cheval le matin, entouré de ses chiens, déjeune puis passe l’après-midi à la bibliothèque avant une promenade vespérale avec ses lévriers. Sa manière de travailler est immuable : après avoir longuement réfléchi à son prochain ouvrage (il écrira ici Le martyre de Saint-Sébastien et La contemplation de la mort), il s’isole complètement du monde pendant les quelques deux mois nécessaires à la rédaction du manuscrit, à laquelle il s’oblige après le dîner et jusqu’au matin. Pendant ces périodes studieuses la villa du Moulleau devient une véritable forteresse, dont les cerbères sont les domestiques. La relation de D’Annunzio avec sa domesticité a toujours été exemplaire et a fait l’objet de nombreux commentaires, tant de la part de ses invités que des intéressés. Très dévoués à leur employeur, nombreux parmi ceux-ci restèrent à son service, sans solde, lors des périodes de vaches maigres. Il les a toujours réglés. Quelques uns devinrent des intimes, comme Amélie Mazoyer, engagée en 1911 en tant que gouvernante, mais qui sera aussi confidente et maîtresse occasionnelle. Bien qu’il gagne beaucoup d’argent durant son séjour à Arcachon, d’Annunzio reste constamment couvert de dettes, contractant de nouveaux emprunts pour régler les précédents.
A Paris pendant ce temps, les Ballets russes de Diaghilev triomphent. La danseuse étoile se nomme Ida Rubinstein. Elle est très belle, très riche, et fascine D’Annunzio. Le martyre de Saint-Sébastien, qu’elle lui inspirera, sera monté au Chatelet avant de faire un triomphe à La Scala de Milan. Dès 1912, l’auteur à succès regagne Paris et prend un appartement rue de Bassano, puis un autre avenue Kléber. Ses goûts en matière de décoration sont immuables : partout ses maisons et appartements regorgent de tentures, bibelots, coussins et oeuvres d’art : le dandy italien aime les décors chargés.
Dans la ville lumière il brille de tous ses feux. Fidèle à lui-même, il demeure l’homme de toutes les femmes (surtout des femmes mariées…) et n’entend pas renoncer à toutes pour le plaisir d’une seule.
Son élégance reste légendaire. D’après son personnel, son vestiaire était vertigineux : on lui compte une centaine de tenues du matin, autant de l’après-midi et autant pour la soirée, quelques trois cents chemises de jour et autant du soir, à plastron, cinq cents cravates, cinquante chapeaux…

Héros de guerre

Et puis la guerre éclate, le 2 août 1914. Dans les colonnes du Figaro, D’Annunzio enjoint l’Italie, neutre, de s’engager aux côtés de la France. A Arcachon ses créanciers ont fait saisir sa villa et ses biens, mais le gouvernement français a fait lever la saisie, et c’est là qu’il rédige son fameux discours de Quarto, qui convaincra l’Italie d’entrer en guerre.

Son départ de France le 3 mai 1915, avec Ricciotti Garibaldi, pour prononcer ce discours historique et déterminant, marque la fin de son dandysme mondain et le début de son engagement politique et militaire. En Italie son influence est alors considérable, aussi sa rencontre avec le roi Victor Emmanuel III à Rome, et la série de discours qu’il prononce pour inciter le pays à rallier la France, font-elles beaucoup de bruit. Engagé volontaire comme lieutenant de réserve, il servira dans les trois corps : air, terre et mer. Dans l’infanterie il commandera une compagnie lors de la bataille de l’Isonzo, plus meurtrière que celle de Verdun, attaquant l’ennemi à la tête de ses fantassins. Dans la Marine il servira sur un torpilleur. Mais c’est dans l’Armée de l’air qu’il se distinguera le plus. Au cours d’un vol de reconnaissance sur Trieste en 1916, il s’écrase et perd son oeil droit dans l’accident.
Les médecins veulent le retirer du service actif. Il refuse catégoriquement et reprend ses vols. Le voilà bombardier, prenant de nouveau tous les risques, notamment au dessus de Vienne pour lâcher non des bombes mais 400.000 tracts incitant la population à se délivrer du joug prussien. Il finit la guerre au grade de commandant, honoré par de nombreuses décorations.

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D’Annunzio prononce un discours à Fiume le 20 septembre 1919. Il y rédige une constitution littéraire et devient gouverneur de l’« Etat libre et indépendant de Fiume »

La République de Fiume

Mais à la fin des hostilités, les termes de l’accord de la Société Des Nations concernant les dommages de guerre ne sont pas ceux prévus : les Alliés (France, Angleterre et Etats-Unis) n’honorent pas les promesses territoriales faites pour décider l’Italie au ralliement. D’Annunzio en conçoit l’amertume d’une profonde ingratitude. Le 12 septembre 1919, à la tête d’un régiment constitué de différentes unités d’élite, il s’empare de la ville italianophone de Fiume (aujourd’hui Rijeka, en Croatie), bijou serti dans l’écrin d’une chaîne de montagnes et de la mer Adriatique.
Les troupes d’occupation italiennes et anglaises n’opposent pas de résistance à ce groupe déterminé et fortement armé : D’Annunzio et ses hommes conquièrent la ville sans tirer un coup de feu. Comme réparant une injustice, le poète devenu chef de guerre offre celle-ci à l’Etat italien, qui la refuse. Une offense à laquelle D’Annunzio répond en fondant l’ « Etat libre et indépendant de Fiume », régi par une constitution littéraire qui place à sa tête un gouvernement d’artistes, d’esthètes, d’anarchistes, de syndicalistes et autres patriotes garibaldistes. Cette République est pour lui un laboratoire expérimental, dont il rédige la Constitution principalement caractérisée par la souveraineté de chaque citoyen, l’égalité des sexes, le droit de vote pour les femmes, l’acceptation des homosexuels et des naturistes, lesallocations maladie et la retraite pour les vieux… Impensable en ce début des années 20. Il y règne pendant un an en tant que gouverneur, mais doit fuir le port bombardé par la Marine italienne le 31 décembre 1921. Fin du rêve de cette ville-Etat utopiste, qui reste à ce jour unique dans l’Histoire. Fiume sera rattachée à l’Italie en 1924.

Gabriele D’Annunzio se réfugie dans sa villa du lac de Garde, à Gardone Riviera, décidé à se consacrer désormais exclusivement à la littérature. Il n’y parvient pas : opposant farouche au fascisme de Mussolini, arrivé au pouvoir en 1922, il s’avère rapidement être le seul homme politique dangereux pour le futur Duce, et est placé sous la surveillance étroite de la police du régime. C’est dans cette atmosphère délétère qu’il chute inexplicablement du balcon de sa villa un soir de récital de piano donné par l’une de ses maîtresses. Fracture du crâne, coma, il se réveille finalement sans séquelle mais dégoûté de la vie politique, et gardera toujours le silence sur les circonstances de l’accident. Créé prince de Montenesovo par le roi d’Italie en 1924 en raison de ses exploits militaires, il se retire définitivement dans sa villa où il passe les dernières années de sa vie en exil dans son propre pays, s’opposant encore et toujours à l’alliance entre l’Italie et l’Allemagne de Hitler avant de s’éteindre chez lui, d’une hémorragie cérébrale, le 1er mars 1938. Comme tous les dandys, il sera resté jusqu’à la fin d’une élégance irréprochable, et en dépit de l’opposition farouche qu’il lui a manifesté durant les derniers mois de sa vie, Mussolini organise pour le poète qu’il admire des funérailles nationales. Pas sûr que D’Annunzio ait apprécié.

Photos : Getty Images.